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La fiche

Réalisé par Pippa Bianco – Avec Rhianne Barreto, Charlie Plummer, Poorna Jagannathan – Drame – Etats-Unis – 14 septembre 2019 (OCS) – 1h29

Après avoir découvert une vidéo d’une soirée dont elle ne se souvient pas, Mandy, 16 ans, doit comprendre ce qui lui est arrivé avant que la situation ne dégénère.

La critique du film

Si le nom de Pippa Bianco paraît familier, c’est sans doute car celui-ci apparaît à la fin du pilote mémorable d’Euphoria. La réalisatrice retrouve HBO pour son nouveau film, Share, dans lequel elle explore la fragilité adolescente. Mandy se réveille sur sa pelouse, portant les hématomes de la veille, sans se souvenir de ce qui lui est arrivé. Une vidéo circule dans son lycée et suggère le pire : Mandy a sans doute été sexuellement agressée.

Share se lit comme une enquête intime, qui se place du point de vue de la victime, hantée par le doute. Pippa Bianco aborde avec une grande justesse cette résilience. À l’incompréhension succède le doute, puis la culpabilité. Le film enferme peu à peu sa victime dans la solitude. Lorsque la parole se libère, la victime devient coupable aux yeux des autres. Exclue de son lycée, devant affronter le regard des autres et de ses amis qui ne réalisent pas la gravité de la situation, Mandy se retrouve de plus en plus isolée à mesure que l’enquête prend de l’ampleur, et que paradoxalement, plusieurs personnes sont dans la confidence. La violence est avant tout verbale, traduite dans un négligent “Tu t’en remettras”, balayant d’un revers la détresse de Mandy.

Malgré la gravité de ce qui se joue à l’écran, Pippa Bianco ne verse jamais dans le larmoyant. On lit une guerre muette sur le visage de Mandy, mais lorsque les larmes de Rhianne Baretto explosent, elles n’en sont que plus bouleversantes. La réalisatrice pose un regard plein d’empathie sur son personnage, mais n’élude en rien la brutalité de son sujet. La vidéo du téléphone repasse en boucle jusqu’à la nausée, comme un macabre jeu de piste dont on cherche le moindre indice. Son dénouement final résonne d’un silence lourd, et n’en devient que plus tragique, comme si le langage ne parvenait plus à retranscrire la douleur

Share capte brillamment toutes les problématiques de la culture du viol, passant du slut-shaming à la culpabilité de la victime, mais surtout de l’inconscience des bourreaux, persuadés de n’avoir rien fait de mal. Un film difficile, mais qui prouve que Pippa Bianco est décidément une réalisatrice à suivre de très près. 



Bande-annonce

Diffusé sur OCS le 14 septembre 2019 // Compétition Deauville 2019




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