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ROJO

La fiche

Réalisé par Benjamín Naishtat – Avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro – Thriller, drame – Argentine – 3 juillet 2019 – 1h49

Argentine, 1975. Claudio, avocat réputé et notable local, mène une existence confortable, acceptant de fermer les yeux sur les pratiques du régime en place. Lors d’un dîner, il est violemment pris à parti par un inconnu et l’altercation vire au drame. Claudio fait en sorte d’étouffer l’affaire, sans se douter que cette décision va l’entraîner dans une spirale sans fin.

La critique du film

Troisième long métrage de Benjamin Naishtat, Rojo est dédié à Susana Aguad, avocate et écrivaine qui participa à la commission d’enquête sur les personnes disparues en Argentine durant la dictature. Il s’agit à la fois d’un drame et d’un thriller qui peut évoquer successivement les cinémas américain et italien des années 70, par son climat paranoïaque, son humour grinçant et son atmosphère très noire. L’arrogance du personnage de Claudio peut d’ailleurs évoquer le personnage de Gian Maria Volonte dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri. 

Le film de Benjamin Naishtat offre des premières scènes réellement percutantes, notamment celle de l’altercation au restaurant, à la fois drôle et grinçante. Durant cette scène, chacun des deux protagonistes va avoir l’ascendant sur l’autre à un moment et les deux hommes semblent ne pas avoir de limites dans leur agressivité et leur goût de l’humiliation. L’avocat, malgré son aspect policé et sa profession, n’est d’ailleurs pas en reste quand il s’agit d’être brutal. Et sous le vernis de la civilisation et de la respectabilité sourd une violence bien réelle à la fois physique et morale.  

Fermer les yeux est le premier des crimes

Il se dégage du film une atmosphère étrange, accentuée par l’aspect inquiétant et inquisiteur de plusieurs personnages (le préfet, le détective), l’évocation des disparitions qui commencent à se multiplier dans le pays et certaines scènes qui peuvent paraître incongrues comme celle du magicien ou celle des cow-boys venus des Etats-Unis – allusion au rôle de ce pays dans les dictatures d’Amérique Latine, notamment dans l’opération Condor ?

Si le film peut parfois déconcerter, notamment par sa fin, ou décevoir (le début étant vraiment intense, on peut penser qu’ensuite le film ne tient pas forcément toutes ses promesses), il n’en reste pas moins que Rojo est un film à voir pour son interprétation (particulièrement Dario Grandinetti dans le rôle de l’avocat et Alfredo Castro dans le rôle du détective), son climat de culpabilité et de suspicion mêlées et son aspect kafkaïen.



Bande-annonce

Au cinéma le 3 juillet 2019




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