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ROCKY

Dans les quartiers populaires de Philadelphie, Rocky Balboa collecte des dettes non payées pour Tony Gazzo, un usurier, et dispute de temps à autre, pour quelques dizaines de dollars, des combats de boxe sous l’appellation de « l’étalon italien ». Cependant, Mickey, son vieil entraîneur, le laisse tomber. Son ami Paulie, qui travaille dans un entrepôt frigorifique, encourage Rocky à sortir avec sa soeur Adrian, une jeune vendeuse réservée d’un magasin d’animaux domestiques.

Victoire aux poings.

Avant 1976, année de sortie de Rocky, Sylvester Stallone est un acteur qui galère, avec uniquement à se mettre sous la dent des seconds rôles en pagaille dans de petites séries B méconnues, jusqu’à un rôle un peu plus consistant dans le cheap mais rigolo La Course à la mort de l’an 2000, produit en 1975 par Roger Corman.

Il décide alors de prendre les choses en main et se lance dans l’écriture de son propre film qui le pousserait sur le devant de la scène. Ce film, ce sera donc Rocky, récit d’une success story à l’américaine pour une très grande part autobiographique : il suffit de remplacer l’univers du cinéma par celui de la boxe pour se rendre compte que le film raconte le parcours de Sly le comédien. Un aspect réaliste renforcé par une photo hyper naturaliste, donnant au film un aspect urbain pouvant rappeler l’ambiance des meilleurs Sidney Lumet des années 70 (Serpico en premier lieu), et c’est encore plus délectable lorsque l’on peut y croiser ces bonnes vieilles trognes que sont Burt Young, Burgess Meredith et Joe Spinell. Difficile également de passer sous silence la prestation de Stallone, comédien éternellement sous-estimé (sauf ponctuellement, tel que dans Copland en 1997) alors que dès 1976, il prouvait qu’il pouvait être aussi charismatique que fragile.

Mis en scène par ce solide artisan qu’est le réalisateur John G. Avildsen, Rocky est donc une véritable plongée dans l’univers ouvrier des années 70. L’appartement de Rocky Balboa, ses petits boulots de petite frappe au service d’un usurier aux pratiques aussi louches que sa dégaine, tout respire la débrouille et la précarité. Et au milieu de ce sombre tableau trône le noble art : la boxe, son exutoire et son seul moyen de s’en sortir dans la vie.

Autre éclaircie dans le quotidien du boxeur : sa rencontre avec la timide et renfermée Adrian, interprétée toute en délicatesse par Talia Shire. Un personnage qui évolue tout au long du film et sort petit à petit de sa carapace alors que Rocky se rapproche du combat de sa vie : affronter le champion Apollo Creed (Carl Weathers) dans un match semble-t-il perdu d’avance. Car comment un amateur pourrait l’emporter face à un champion professionnel ?

Peu importe, car il s’agit ici de faire vivre au public le rêve à l’américaine, qui verrait le jeune prolo mis en lumières sous les projecteurs de la célébrité, même si l’on sait que l’issue de l’affrontement ne fait guère de suspens. Rocky aussi sait que le combat est perdu d’avance. Mais ce n’est absolument pas ce qui l’intéresse. Ce qui l’intéresse, c’est de le faire, de monter sur le ring, tenir le choc face au champion et rester debout quoiqu’il arrive. C’est devenu une question de dignité.

Et c’est là que réside toute la force et la beauté de ce film, qui explosent littéralement dans son final aujourd’hui devenu totalement culte alors que l’on oublie trop souvent une chose essentielle :  Rocky a bel et bien perdu le combat. Mais là aussi peu importe, le résultat final n’est que secondaire, Rocky lui-même n’en a que faire : pendant que le speaker annonce les résultats, « l’étalon italien » n’écoute même plus ce qu’il se dit autour de lui, le monde autour de lui n’existe plus. À ce moment précis, Rocky n’a d’yeux que pour celle qu’il aime et dont il hurle le nom à pleins poumons (le fameux « ADRIAAAAAAN !! » injustement moqué durant des décennies). Une scène qui résume le film à elle seule, propulsée par le thème iconique de Bill Conti, et qui provoque chez n’importe quelle personne normalement constituée soit une incontrôlable poussée de chair de poule, soit une forte envie de se lever de son siège le poing en l’air.

Quoiqu’il en soit, Rocky est typiquement ce genre de films que l’on nomme un peu rapidement aujourd’hui un « feel-good movie ». A priori une appellation que l’on ne lui accolerait pas, et pourtant il rentre aisément dans cette catégorie tant il met son spectateur dans un état de pure jubilation. Alors oubliez sa VF caricaturale, oubliez ses séquences de boxe pas très réalistes, oubliez le générique des Grosses Têtes ; et redécouvrez le film pour ce qu’il est réellement : un authentique chef-d’œuvre.




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