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REVENIR

C’est la ferme où Thomas est né. C’est sa famille. Son frère, qui ne reviendra plus, sa mère, qui est en train de l’imiter, et son père, avec qui rien n’a jamais été possible. Il retrouve tout ce qu’il a fui il y a 12 ans. Mais aujourd’hui il y a Alex, son neveu de six ans, et Mona, sa mère incandescente. 

Critique du film

Jessica Palud rassemble beaucoup d’atouts dans son premier long-métrage. Tout d’abord un père spirituel en la personne de Philippe Lioret, avec qui elle a collaboré par le passé, qui est associé à la production et au scénario. Ensuite, un casting où se distingue au premier plan des acteurs aux noms porteurs, le très actif Niels Schneider, et la désormais star Adèle Exarchopoulos, à jamais révélation sublime chez Abdellatif Kéchiche. Si l’on ajoute un prix du scénario dans la sélection Orizzonti du dernier festival de Venise, on obtient un film qui semble plutôt favorisé dans sa préparation et son accouchement.

Revenir joue de sa fragilité comme une force, mais cela constitue également sa limite. Le projet du film est contenu dans son titre, comment peut-on regagner un lieu dans lequel on est né, et qu’on a fui pour continuer d’exister. C’est dans les silences et les non-dits que se développe et s’épanouit l’intrigue. On ne saura jamais véritablement la nature des conflits qui ont séparés les membres de cette famille d’agriculteurs de la Drôme. Les souffrances et les plaies sont tues, là encore on se tait, aucune larme ne saurait devoir rouler sur les visages des protagonistes.

Bref et sans fioritures, tourné en très peu de temps, Revenir veut se contenir tout entier dans cette intention de décrire un deuil. Car ce thème si lourd ourle chaque plan du film, avec une grande sobriété. Si ce regard de Jessica Palud est plutôt réussi et émouvant, il peut parfois manquer de souffle et de surprise. Le père et le fils peinent tellement à exprimer leurs sentiments, qu’on a parfois du mal à se sentir impliqué dans les scènes pourtant prometteuses. Si le film réussit à tenir malgré tout, c’est sans doute grâce à l’espace que la réalisatrice laisse à ses acteurs. Tous tirent leur épingle du jeu, que ce soit Niels Schneider qui habite chaque instant, mais aussi Adèle Exarchopoulos, en retrait mais juste dans son rôle de mère déboussolée. Patrick d’Assumçao campe un père également particulièrement réussi, dégageant une aura troublante, tant dans ses absences que dans ses rares scènes auprès de Schneider.

Sans être inoubliable, ce premier film brille surtout par sa capacité à tenir sa ligne, décrivant une histoire toute simple mais maîtrisée, qui a la bonne idée de s’appuyer sur ses acteurs, qui, libres délivrent de très belles prestations, sous le très beau regard de Jessica Palud. Ce qu’il perd en romanesque et en flamboyance, Revenir le gagne en dignité, portrait délicat et amer d’un univers rural où le désespoir et la dépression semblent chevillés aux cœurs de chacun, au son d’une musique bien triste.

Bande-annonce

29 janvier 2020 – De Jessica Palud, avec Niels SchneiderAdèle ExarchopoulosPatrick d’Assumçao




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