Qui chante là-bas photo 1 © Malavida

QUI CHANTE LÀ-BAS ?

Yougoslavie, avril 1941. Une faune rocambolesque – un apprenti chanteur, un tuberculeux, un chasseur, un notable, un ancien combattant, deux musiciens tsiganes… – attendent l’arrivée d’un car brinquebalant qui doit les emmener à Belgrade. Menée par un chauffeur totalement irascible, la petite troupe s’embarque dans un voyage loufoque accueillant au passage un couple de jeunes mariés. Mais rien ne se passe vraiment comme prévu…

Critique du film

Réalisé en 1980, présenté à Cannes l’année suivante dans la section « Un autre regard », Qui chante là-bas ? constitue une sorte de road movie picaresque, burlesque et poétique se déroulant à la veille de l’invasion nazie. Très drôle mais aussi grave et noir à certains moments, le film évoque souvent la comédie italienne. Par son mélange de comédie et de drame, mais même jusque dans sa photographie, magnifique et parfaitement mise en valeur par la restauration orchestrée par Malavida. Les images, parfois semblables à des gravures anciennes, renvoient au cinéma des années 70. 

Parsemé de trouvailles humoristiques sur la nature humaine ou l’administration, entrecoupé par les couplets d’un duo de musiciens tsiganes, en quelque sorte chœur antique de ce périple, le voyage des protagonistes nous offre des moments particulièrement réjouissants, comme le passage d’un convoi funéraire dans un champ – images belle et insolite à la fois – l’énervement d’un homme prêt à payer son voyage très cher plutôt que de passer pour un miséreux ou d’autres péripéties plus drôles et touchantes les unes que les autres. Comme cet encerclement par un groupe de militaires qui vient cerner le groupe d’une façon aussi théâtrale qu’absurde. 

Duo tsigane

Brassant des thèmes aussi variés que la jalousie, la discrimination, la guerre, le choix entre opposition ou collaboration au nazisme, tout cela par petites touches et accompagné par une mélopée qui mêle ironie et mélancolie, Qui chante là-bas ? nous parle beaucoup de rêve, comme le souligne le leitmotiv chanté par le duo tsigane. Un des personnages dit que l’au-delà ressemble au monde réel. Les personnages se chamaillent comme des enfants et certains semblent indifférents au sort d’un homme peut-être mort de noyade. Ce pourrait être profondément tragique, mais ça reste léger, profond et traversé par un goût prononcé pour l’absurde, le non-sens. 

Qui chante là-bas ? remporta un énorme succès populaire en ex-Yougoslavie. Un cocktail détonant de critique sociale, politique et de comédie poético-onirique.


De retour en salle en version restaurée grâce à Malavida depuis le 19 mai


 




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