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PULSIONS

8
Bluffant

Kate Miller souffre de fantasmes érotiques si vivaces qu’elle a du mal à faire la part du rêve et de la réalité. Un matin, elle se rend chez son psychiatre, Robert Elliot, pour lui parler de ses déceptions sexuelles avec son mari. En se rendant au musée, Kate séduit un homme qui l’emmène dans son appartement pour y passer la nuit. Le lendemain matin, en prenant l’ascenseur pour quitter l’immeuble, Kate est atrocement assassinée à coups de rasoir par une femme blonde portant de grosses lunettes noires.
 

Sueurs froides.

Réalisé deux ans après l’étonnant The Fury, et un an avant l’emblématique Blow Out, Pulsions est situé à une période charnière dans la carrière de Brian De Palma. Une période où le cinéaste new-yorkais semble alors en pleine possession de ses moyens et au sommet de son art de la manipulation, ce que vient confirmer ce thriller à haute teneur sexuelle.

Les morceaux de bravoure se succèdent lors de séquences mémorables où le temps semble se dilater, permettant à De Palma de multiplier les idées visuelles. Quel plaisir que de se faire trimballer dans ce film truffé de ses fausses pistes, telle Kate Miller (Angie Dickinson) dans la fantastique séquence du musée. La séquence fait un écho direct à Sueurs Froides de Hitchcock, faite de longs travellings soyeux à la steady-cam et montée à la perfection, dans laquelle le personnage de Dickinson se lance dans un jeu de séduction et de cache-cache avec un bel inconnu. Un exercice formel totalement brillant, dans lequel la frustration sexuelle de l’héroïne est dite par le biais des images, et non de mots – cette séquence de près de 10 minutes étant intégralement muette.

De Palma nous laisse ensuite à peine le temps de respirer qu’il nous offre une nouvelle séquence exceptionnelle prenant pour cadre un ascenseur. Un moment anthologique – dont il est difficile de parler sans en dévoiler la teneur ni déflorer le coeur de l’intrigue – en termes de mise en scène et de manipulation. De Palma y tutoie ici le Psychose de son maître à penser, tout en faisant une référence direct aux gialli de Dario Argento.

C’est alors que le film change totalement de point de vue, pour se transformer en thriller sensuel et schizophrène sur fond de troubles d’identité et de voyeurisme, soit autant de thèmes qui jalonnent l’intégralité de la filmographie de De Palma. Le thème du voyeurisme est d’ailleurs vu à travers le prisme de Keith Gordon (que l’on verra 3 ans plus dans Christine de John Carpenter), qui interprète ici le fils de Kate Miller, petit génie de l’informatique menant son enquête sur l’assassinat de sa mère. Un personnage-double du cinéaste, lui aussi ancien petit génie de l’informatique, qui, dans son adolescence, avait été commandité par sa mère pour enquêter sur son propre père qu’elle soupçonnait d’infidélité ! Cet événement a fortement marqué le jeune Brian et a façonné toute une carrière à venir.

Comment ne pas évoquer la prestation borderline du toujours immense Michael Caine, ainsi que celle de Nancy Allen, alors au top de son sex-appeal (la coupe garçonne et l’uniforme de RoboCop sont encore bien loin), le tout sur une musique toute en nappes de cordes composée par Pino Donaggio (déjà à l’œuvre sur Carrie et Home Movies), qui n’aura jamais été aussi proche de celle de Bernard Herrmann.

De Palma, en grand formaliste qu’il est, se livre donc ici à un véritable feu d’artifices visuels dans lequel il paie une nouvelle fois son tribu à Hitchcock, tout en parvenant à y insuffler son propre style et ses propres obsessions, en plus d’y glisser quelques éléments purement autobiographiques. Difficile de bouder son plaisir devant un film qui sent le cinéma à plein nez, comme si le terme « jouissif » avait été inventé spécialement pour ce film.


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