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PROMISING YOUNG WOMAN

Tout le monde s’entendait pour dire que Cassie était une jeune femme pleine d’avenir…jusqu’à ce qu’un évènement inattendu ne vienne tout bouleverser. Mais rien dans la vie de Cassie n’est en fait conforme aux apparences : elle est aussi intelligente que rusée, séduisante que calculatrice et mène une double vie dès la nuit tombée. Au cours de cette aventure passionnante, une rencontre inattendue va donner l’opportunité à Cassie de racheter les erreurs de son passé.

Critique du film

Marketé comme LE film post-#Metoo de ce début d’année (mouvement qui, on le rappelle, est bien loin d’être terminé), Promising Young Woman propose une relecture du rape and revenge sous un angle féministe, aussi décalé que radical. A la croisée de la comédie noire et du thriller, le premier long-métrage de la réalisatrice Emerald Fennell dézingue la culture du viol avec une ironie percutante. 

Dès son introduction, le ton est donné. Le Boys de Charli XCX résonne dans une boîte de nuit tandis que la caméra scrute les fesses d’hommes en chemises qui se déhanchent. Un male gaze sarcastique qui inverse les rôles et interpelle sur la sexualisation omniprésente des femmes à l’écran. Promising Young Woman s’empare d’une esthétique pop et de midinette – généralement sous entendue comme inoffensive, et surtout médiocre -, dont il redessine les contours avec férocité, à l’image de cette reprise grinçante de Toxic de Britney Spears. Porté par la superbe Carey Mulligan, décidément trop absente du grand écran, le film s’amuse à détruire les codes du genre à travers son personnage haut en couleur. 

Rape culture and revenge

Une chose est sûre, Emerald Fennell n’y va pas de main morte et s’attaque frontalement à la culture du viol. Absence de consentement, viol, mais aussi slut-shaming et complicité ; tout y passe avec la finesse d’un rouleau compresseur, écrasant autant une masculinité toxique d’une misogynie intériorisée. Cassie, barista ennuyée le jour, revêt son costume d’héroïne vengeresse la nuit et se réapproprie une féminité exacerbée et sexualisée pour en faire une arme de destruction massive. Pourtant, sa nonchalance, sa vulgarité et son excentricité en font un personnage attachant et décalé, qui s’affranchit des codes de l’idéal féminin. 

Sa soif de justice est autant intime qu’elle en devient universelle. Cassie s’amuse à remettre à leur place ceux – et parfois celles – qui négligent la dangerosité de leurs actes. Une vengeance qui toutefois ne dépasse pas l’intimidation, vécue davantage comme une bonne leçon, plutôt qu’un body count façon Beatrix Kiddo. Le film joue avec les attentes et les déplace là où on ne les attend pas, jusqu’à sa surprenante scène finale. 

Promising Young Woman traine peut-être parfois trop ses gros sabots pour être totalement pertinent, avec un jeu d’acteur parfois maladroit, mais il en demeure une comédie noire ludique et percutante, et fait d’Emerald Fennell une réalisatrice pleine de promesses.

Bande-Annonce

26 mai 2021 – De Emerald Fennell, avec Carey Mulligan, Bo Burnham et Alison Brie

 




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