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POISSONSEXE

Alors que Miranda, la dernière baleine au monde, fait la une des journaux, Daniel, physicien obstiné, tente de redonner aux poissons l’envie de copuler. Célibataire désabusé, il est lui-même hanté par le désir d’être père. Un jour, en sauvant de la noyade un étrange poisson à pattes, Daniel va réapprendre à tomber amoureux. 

Critique du film

Comédie romantique, Poissonsexe est avant tout une fantaisie où brillent Gustave Kervern et India Hair, couple aussi formidable que décalé dans son expression fine des sentiments les plus galvaudés, l’attente de l’amour, le doux parfum de ses prémices.

Gustave Kervern est en train d’imposer un personnage qui depuis Dans la cour (Pierre Salvadori, 2014) visite le cinéma français : l’homme dépressif, attendrissant de fragilité, qui se cogne à la vie en s’excusant. Un cœur de biche dans une peau d’ours. Entre Calimero et Buster Keaton, il n’a pas son pareil pour exprimer la gêne d’être au monde. Un homme qui pleure, timide au point de transformer une ligne de dialogue en torture. 

Daniel a beaucoup perdu, une situation professionnelle prestigieuse, un amour, l’espoir. Même le désir de devenir père, plus fort que tout, s’éloigne lentement mais sûrement. Échoué quelque part sur la côte atlantique, salarié d’un laboratoire en difficulté économique, il s’accroche aux espoirs d’un poisson robot et met la dernière main à une chambre d’enfant, sachant en poète du quotidien, qu’un écrin sans joyau est moins triste qu’un oiseau sans nid. 

Loufoque et naïf

Olivier Babinet filme un laboratoire et une plage dans une même désolation. Se dégage du film une esthétique un peu bancale, entre la série télé pour adolescents (le manque de moyens, hélas, affecte la direction artistique du film) et la froideur scandinave (le chef opérateur, Timo Salminen est finlandais, collaborateur régulier de Kaurismäki). Alors que les poissons sont en train de complètement disparaître et qu’une baleine se rapproche dangereusement des côtes françaises, c’est toute l’humanité qui dérive.

Sur fond de préoccupation environnementale autour de la préservation du vivant, le réalisateur combine une comédie loufoque où la plus grande naïveté côtoie un humour inattendu. Kervern, avec son talent d’équilibriste, réussit à rendre légère et cocasse une scène de masturbation plutôt risquée. Parfaitement épaulé par India Hair, à la fois ingénue et fatiguée, il insuffle à son personnage une délicate ingénuité et semble mu par un cœur si gros que le plus véhément romantisme pourrait s’y loger.

Poissonsexe impose un univers singulier dans la comédie française. Sa drôlerie poétique saupoudrée de fantastique fera du bien à qui se reconnaît dans la foule des émotifs anonymes.

Bande-annonce

2 septembre 2020 – De Olivier Babinet, avec Gustave KervernIndia Hair




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