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PERRO BOMBA

Jeune immigré haïtien vivant à Santiago, Steevens mène une vie sans histoires et sans grandes perspectives d’avenir. L’arrivée de Junior, un ami d’enfance, ramène un peu de gaieté dans sa vie. Mais le bonheur est fugace et Steevens en fait l’amère expérience lorsqu’il perd son travail suite à une altercation avec son patron. Un événement qui sera le début d’une longue descente aux enfers pour le jeune homme confronté, malgré lui, à la haine et la xénophobie d’une société conservatrice…

Critique du film

Jeune immigré haïtien vivant à Santiago, Steevens mène une vie sans histoires et sans grandes perspectives d’avenir. Mais Steevens perd son travail. Un événement qui sera le début d’une longue descente aux enfers pour le jeune homme.

Premier long-métrage de Juan Caceres, qui avait déjà dirigé son comédien principal, Steevens Benjamin, dans un court métrage (La Ruda), Perro Bomba est né de l’envie du metteur-en-scène de faire évoluer les mentalités de ses compatriotes concernant l’émigration haïtienne dans son pays. Il est à noter que c’est d’ailleurs le premier film dans l’histoire du cinéma chilien que le principal protagoniste est interprété par un acteur noir.

Très proche du documentaire, Perro Bomba nous offre une vision réaliste et désenchantée du Chili, mais ce qu’on y découvre pourrait se passer dans n’importe quel pays où les minorités ou les émigrés font parfois office de bouc émissaire. C’est à dire à peu près partout dans le monde. Le film mélange acteurs non professionnels et vedettes du cinéma chilien. Des interprètes comme Alfredo Castro, qui joue le patron tyrannique ou Blanca Lewin, dans le rôle d’Esperanza, la travailleuse sociale sont des comédiens renommés au Chili et ont contribué par leur engagement à la réussite de ce projet, monté grâce au crowdfunding (Financement participatif). Leurs personnages respectifs offrent deux visages différents d’un pays d’accueil comme le Chili ou comme tout autre pays : celui du patron qui nourrit et exploite à la fois et celui de l’aidant.

Le tournage a commencé dans un contexte de très forte augmentation de l’émigration haïtienne au Chili et l’équipe a connu des moments d’hostilité de la part d’une population qui ne voyait pas d’un bon œil ce film.

Force de conviction

Ce film, né de d’une intention généreuse, d’idéaux politiques et sociétaux, ne tombe jamais dans la mièvrerie ou le misérabilisme, bien au contraire. En refusant une dramatisation outrée, il acquiert une belle force de conviction et repose beaucoup sur l’improvisation et aussi sur le fait que le comédien principal joue quasiment son rôle. Steevens Benjamin fait montre de beaucoup de naturel. Son personnage est très attachant. Il se montre courageux, rebelle mais jamais haineux. 

Steevens, pour avoir défendu son ami d’enfance, brimé par les collègues qui veulent le bizuter, finit par être recherché mais aussi rejeté par sa propre communauté. Ce qui rend son parcours encore plus poignant. Son errance dans Santiago est rendue avec une grande sensibilité et les différents marginaux qu’il rencontre, qu’ils soient exploiteurs ou exploités sont toujours dépeints avec une forme de respect et avec nuance.

Film généreux et progressiste, Perro Bomba, ne se réduit pas à ses bonnes intentions, si nobles soient elles. Il s’agit d’un vrai bon premier film, primé dans plusieurs festivals pour ses qualités artistiques et son interprétation. Son réalisme n’interdit pas la poésie, à l’image de ces intermèdes musicaux qui viennent dédramatiser l’aspect sombre de l’histoire ou de cette fin énigmatique et ouverte qui peut laisser planer un peu d‘espoir.


Disponible en e-cinema sur Bobine-films et La 25e heure


Chaque jour, dans les Séances Buissonnières, un membre de l’équipe vous recommande un film disponible actuellement en VOD / SVOD




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