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PERFECT MOTHERS

INSÉPARABLES DEPUIS LE PREMIER ÂGE, LIL ET ROZ VIVENT EN PARFAITE OSMOSE AVEC LEURS DEUX ENFANTS, DEUX JEUNES GARÇONS À LA GRÂCE SINGULIÈRE ET QUI SEMBLENT DES PROLONGEMENTS D’ELLES-MÊMES. LES MARIS SONT ABSENTS. INEXPLICABLEMENT, ET POURTANT COMME À L’ÉVIDENCE, CHAQUE FEMME SE RAPPROCHE DU FILS DE L’AUTRE, NOUANT AVEC LUI UNE RELATION PASSIONNELLE.
A L’ABRI DES REGARDS, DANS UN EDEN BALNÉAIRE PRESQUE SURNATUREL, LE QUATUOR VA VIVRE UNE HISTOIRE HORS NORME JUSQU’À CE QUE L’ÂGE VIENNE METTRE UN TERME AU DÉSORDRE. EN APPARENCE, DU MOINS…

Adapté d’un roman de Doris Lessing, lui-même inspiré de faits réels, Perfect Mothers est un long-métrage racontant les liaisons croisées de deux amies avec le fils de chacune. Si le thème pouvait inspirer la gêne et faire naître le malaise, le film échoue piteusement en évitant soigneusement toute prise de risque. En effet, Anne Fontaine reste à la surface, évitant tous les obstacles sans audace. Peu courageuse, la réalisatrice française se repose sur le jeu de ses actrices de renom. Chaque moment-clé est à peine traité : quelques larmes, quelques regards dans le vide… et c’est tout. Comment faire naître la compassion et la réflexion chez le spectateur avec un traitement aussi lisse et (surtout) aussi stupide ? Certaines scènes paraissent sorties d’un mauvais soap-opera, avec une musique d’ascenseur érotisante plutôt ringarde en guise de bande sonore. On reprochera donc à la réalisatrice anglophile un manque de courage artistique assez criant, se réfugiant le plus souvent derrière des élipses là où il y avait matière à aller enfin creuser la psychologie et les tourments de ses personnages. Pour ne rien arranger, celle-ci a choisi deux jeunes éphèbes tous droits sortis du calendrier des Dieux du stade.

Au final, lorsque l’on regarde Perfect Mothers (d’ailleurs, pourquoi ne pas avoir conservé le titre original Two Mothers ?), on a l’impression de suivre un roman-photo désolant, digne d’une lecture de plage. Cela tombe bien, c’est justement sur la plage que les protagonistes passent la majeure partie de leur temps, dans les bons comme dans les mauvais moments. Car c’est bien connu, tout se règle avec une séance de bronzage, un peu de surf et un verre de vin blanc. Anne Fontaine positionne très souvent sa caméra au dessus des vagues, jusqu’à nous donner le mal de mer(e). Sans enjeux, son film reste lui aussi à la surface. Seule Robin Wright semble garder la tête hors de l’eau, peinant à conserver une certaine crédibilité dans ce bouillon fadasse qui tourne progressivement au ridicule – les rires des spectateurs dans la salle n’attestant pas d’un malaise mais bien d’un sentiment que ce qui leur est projeté ne tient absolument pas la route, la faute à des dialogues navrants et à une mise en scène sans âme. Perfect Mothers rencontrera t’il son public ? La question peut se poser. Toutefois, ce pays regorge d’housewives mal-aimées, de spectateurs cherchant à intellectualiser ce qui ne doit pas l’être pour se donner un genre et de personnes limitées cognitivement. Anne Fontaine pourra les remercier si grâce à eux celle-ci peut continuer à nous servir la même soupe en toute impunité.

ANNE FONTAINE | ROMANCE, DRAMA | FRA-AUS | 111 MIN | 3 AVRIL 2013 | ROBIN WRIGHT, NAOMI WATTS




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Squizzz
10 années il y a

Comme d’hab, tu fais pas dans la demi-mesure 😉
J’ai aussi eu droit aux rires des spectateurs, qui témoignent effectivement d’un réel problème dans le traitement du film, pourtant vraiment pas drôle dans son propos. Contrairement à ce qu’on pourrait croire justement, Anne Fontaine cherche à instaurer plus de compassion et d’émotion, là où Doris Lessing les traite de manière beaucoup plus subtile derrière une écriture assez rigide. Anne Fontaine prend des raccourcis, simplifie l’histoire, pour obtenir une narration plus cinématographique, le problème c’est qu’à plusieurs moment cela change clairement la façon de percevoir les choses et surtout la psychologie des deux mères, ici reléguée à quelque chose de très superficiel. A la lecture du roman, j’avais trouvé Doris Lessing beaucoup moins tendre avec ses personnages.
Par contre concernant les deux jeunes éphèbes et le décors de la plage et de la mère, elle colle assez bien avec l’ambiance du roman, où l’apparence joue un rôle assez important.

mymp
10 années il y a

Visiblement, tes réserves sont largement supérieures aux miennes ! On est d’accord : le film ressemble à un roman-photo chic et glacé à la psychologie facile. C’est dommage parce que le film avait un tel potentiel… Pour contrebalancer, je te conseille d’aller voir Berberian sound studio, une vraie perle !

Marcozeblog
10 années il y a

Me voilà traité de midinette qui aime les romans photos 🙂 J’ai eu un énorme coup de coeur pour ce film et j’ai justement aimé ce côté papier glacé sensuel qui m’a envoûté. Et je n’étais pas le seul à avoir aimé en sortant de la séance.

dasola
10 années il y a

Bonjour Wilyrah, je vais en rajouter une couche, j’ai aimé ce film parce que Robin Wright est divine et que je passerais bien quelques vacances dans le décor du film avec ou sans surfeurs. Bonne journée. PS: je ne suis pas une intellectuelle, ni une « housewife » mal-aimée et encore moins (enfin j’espère) une personne cognitivement limitée. Bonne journée.

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