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PAUVRE GEORGES !

La fiche

Réalisé par Claire Devers – Avec Grégory Gadebois, Mylène MacKay, Monia Chokri – Comédie dramatique – Canada, Belgique – 3 juillet 2019 – 1h54

Georges, français installé au Québec depuis quelques années, enseigne sans passion la littérature dans un collège privé de Montréal. Il vient avec Emma d’emménager à la campagne dans une belle maison d’architecte.

La critique du film

Luxe, calme et volupté, tel est le programme que les scènes d’exposition annoncent jusqu’à l’irruption dans la maison et dans le récit de Zack, garçon déscolarisé et mystérieux. Passé un bref moment de peur, Georges décide de  venir en aide auprès du jeune homme. Cette apparition agit sur lui comme un réveil.

Fidèle au roman de Paula Fox ici adapté, Claire Devers met en place une mécanique de dysfonctionnement dont Zack incarne le grain de sable. Dans la petite société néo-bourgeoise que forme le couple Morin et leur proche voisinage, chacun projette en Zack ses propres peurs et fantasmes. Georges, pétri d’un idéalisme de l’innocence, continue de vouloir « sauver » le jeune homme. Il répond à une forme de mission, sourd aux commentaires réprobateurs de son entourage qu’il juge cyniques. Histoire, littérature, mathématiques, les rendez-vous se multiplient, autant d’occasion pour Emma de ressentir et exprimer un malaise que Georges ne comprend pas. 

Engrenage infernal

Le film parvient à déconstruire une harmonie de pacotille grâce à une mise en scène qui joue habilement des décors pour mettre à distance les personnages et renverser les points de vue. Vitres, demi-étages, instaurent obstacles et décalages. Entre les regards voyeurs de Zack et le mépris affiché de la voisine Mimi, le film opère un subtil renversement pour exprimer combien le personnage de l’intrus a valeur de miroir.

Si le principe de l’engrenage infernal fonctionne assez bien, on aurait aimé que le film trouve une plus franche identité entre la comédie et le thriller. Le titre d’une part, que le point d’exclamation fait pencher du côté de la comédie, et la bande-annonce d’autre part, très (trop) orientée thriller, symbolisent cette ambivalence. Il flotte sur le film un parfum de bonhomie, inspirée peut-être par la rondeur de Grégory Gadebois, qui campe pourtant avec justesse un Georges parfaitement énigmatique, alors qu’on aurait aimé grincer des dents devant plus de férocité (voire de perversité) ou frémir davantage.

On regrette aussi qu’à vouloir traiter beaucoup de sujets, les néo-ruraux déboussolés, la bonne conscience de gauche versus le cynisme de droite, les enfants inadaptés, la crise de l’enseignement, l’alcoolisme, Claire Devers finisse par effilocher un propos qui, sans être désagréable, peine à convaincre complètement. 



La bande-annonce

Au cinéma le 3 juillet


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