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ON THE ROCKS

Une jeune mère de famille reprend contact avec son extravagant playboy de père pour une aventure à travers New York.

Critique du film

Sortie sur Apple TV+ uniquement, la troisième collaboration entre Sofia Coppola et Bill Murray est passée tout à fait inaperçue. Le choix de l’exclusivité sur une plateforme qui représente moins de 10% du marché SVOD européen reste audacieux ; Sofia Coppola fait partie des rares artistes installés qui peuvent se le permettre. En plus d’être son septième long-métrage, On the rocks repose sur un colosse en tête d’affiche.

Le duo Coppola-Murray, c’est évidemment Lost in Translation. Mais aussi l’épouvantable A Very Murray Christmas sur Netflix. Cette troisième collaboration passerait presque pour un prétexte voué à lui offrir un nouveau terrain de jeu. Murray y fait du Murray – c’est pour ça qu’on l’aime, remarquez – et fait sans doute ce qu’il veut, d’ailleurs. Peut-on encore le diriger ? C’est à la fois l’argument du film et sa limite. Ce serait toutefois sans compter sur Rashida Jones, son talent et sa lumineuse façon d’habiter l’écran. Elle s’empare de Laura, un personnage bien écrit, et tâche de rester au centre de l’attention face à celui dont elle joue la fille.

One-Murray show ?

Le script reste habilement calibré comme un match affectueux entre Bill Murray et Rashida Jones. Le père et la fille se respectent, ont chacun leurs problèmes et se tiennent parfois à distance l’un de l’autre. Félix, le père excentrique, fantasque et délicieusement ringard est-il jaloux du bonheur de sa fille ? Se croit-il en compétition avec le mari de cette dernière ? Laura va-t-elle rentrer dans le jeu de son père, persuadé que son époux la trompe puisque « tous les hommes sont comme lui, de toute façon » ? Le dandy a-t-il un cœur derrière son cynisme et son indifférence ?

On the rocks
À cette dernière interrogation, on peut répondre par l’affirmative. Son interprète ne manque pas de nous offrir un « moment Murray » quand il apprend que sa deuxième compagne est décédée avant lui… On se perdrait presque dans son regard.

Un film sur l’entropie

Formellement, On the rocks est coquet. Sous la caméra de Sofia Coppola, New-York est immaculé et ennuyeux, comme pour évoquer la perte de tout émerveillement de son personnage principal. Tous les protagonistes sont des yuppies-wannabe-bobo. Le tout est habillé ici d’une bande originale signée Phoenix, là de morceaux de Chet Baker, pour décorer : c’est New-York, après tout. Ce dernier point fait dangereusement flirter la réalisatrice avec une atmosphère à la Woody Allen.

Fidèle à sa thématique principale, Sofia Coppola livre un nouveau « film sur rien » ; un film sur l’ennui d’une femme à la recherche d’une étincelle. Un film sur l’entropie, en somme. Il y avait dans Virgin Suicides, Lost in Translation ou Marie-Antoinette une certaine flamboyance de ses héroïnes qui se consumaient. Ici, le personnage de Rashida Jones est beaucoup plus ambivalent, parce que pragmatique. Et parfois phagocytée par son partenaire de jeu.

On ne peut que saluer l’intérêt que la réalisatrice porte à son sujet spécifique mais susceptible d’être plus universel : comment allier famille (le rôle de mère, le poids du père) et créativité. Et se demander à quel point son regard sur le sujet est personnel, cette fois-ci.

Bande-annonce


Disponible exclusivement sur Apple TV





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