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NORMA RAE

Norma Rae, divorcée et mère de deux enfants, est ouvrière du textile dans une petite ville du sud des Etats-Unis. A l’arrivée d’un délégué syndical de New York, elle se lance à ses côtés dans un combat contre le patronat et ce malgré l’hostilité générale.

Critique du film

Tiré de l’histoire vraie de Crystal Lee Sutton, militante syndicale dont l’action fit l’objet d’un ouvrage en 1975, Norma Rae, dès le début du film nous immerge dans le quotidien d’ouvriers et d’ouvrières d’une usine de textile de Caroline du Nord : bruit assourdissant, travail abrutissant et séquelles physiques. A ce travail éreintant, s’ajoute pour l’héroïne une vie familiale et amoureuse bien décevante. Mère célibataire de deux enfants, elle vit encore chez ses parents, qui travaillent dans la même usine avec un père qui la surveille de près. L’oppression dans cette petite ville peut également être patriarcale ou surgir lors d’une relation avec un homme fruste et misogyne.

L’Amérique profonde décrite dans ce film porte encore les stigmates de la ségrégation et du maccarthysme. La plupart des habitants de la ville n’aiment ni les juifs, ni les noirs, ni les communistes ou supposés comme tels. La chasse aux sorcières, Martin Ritt l’a connue et en a fait le sujet du film Le Prête-nom, avec Woody Allen en acteur principal. Quant au syndicalisme et à la violence du monde du travail, Traître sur commande, très beau film avec Sean Connery et Richard Harris, avait déjà souligné l’intérêt du réalisateur pour ces sujets, toujours traités avec force et sans simplification.

Les temps modernes

Car, de même que Norma Rae est proche du documentaire dans sa peinture du monde du travail dans une usine, jamais la psychologie des personnages ne sombre dans le manichéisme, mais s’avère réaliste. Le personnage de Norma Rae se laisse tenter par un poste de contremaître, qu’on lui offre pour « qu‘elle la boucle ». Le délégué syndical, Reuben, tout idéaliste et brillant qu’il soit paraît parfois bien déconnecté du « peuple » et de ses habitudes. Ainsi, les exigences que ces deux révoltés ont envers leurs camarades et leur investissement syndical n’est il pas excessif ? Et l’engagement de Norma Rae serait-il le même si sa vie personnelle était plus équilibrée ? Et si le syndicaliste était moins attirant ?

Outre ses scènes d’usine, Norma Rae offre de beaux moments intimistes comme celui de la baignade entre Norma et Reuben, des passages humoristiques de « pétages de plombs » (Celui à l’usine et celui de Norma Rae qui n’arrive plus à assumer ses tâches ménagères). Et bien sûr la fameuse scène, véridique, où la syndicaliste prend silencieusement à partie ses collègues en brandissant une pancarte. 

Film sur le combat syndical, mais aussi de façon plus large, sur l’engagement, la solidarité, l’énergie et la volonté de changer les choses, pour soi et pour les autres, Norma Rae allie la lucidité et un certain désenchantement à l’espoir le plus tenace. Son héroïne, magnifiquement interprétée par Sally Field qui rafla en 1979 l’Oscar de la meilleure actrice et le Prix d’Interprétation Féminine à Cannes, restera longtemps dans nos mémoires de cinéphiles. Vulnérable, changeante mais pugnace et généreuse.


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