featured_never-rarely-sometimes-always

NEVER RARELY SOMETIMES ALWAYS

Deux adolescentes, Autumn et sa cousine Skylar, résident au sein d’une zone rurale de Pennsylvanie. Autumn doit faire face à une grossesse non désirée. Ne bénéficiant d’aucun soutien de la part de sa famille et de la communauté locale, les deux jeunes femmes se lancent dans un périple semé d’embûches jusqu’à New York.

Critique du film

On avait déjà remarqué la patte délicate de la scénariste et réalisatrice Eliza Hittman grâce à It felt like love et Beach rats. Elle confirme avec Never rarely sometimes always, récompensé au festival de Sundance, une coming-of-age story d’une grande intelligence portée par la performance remarquable de la jeune Sidney Flanigan.

Never rarely sometimes always suit la jeune femme dans le douloureux processus de l’interruption de grossesse, sujet d’autant plus problématique outre-Atlantique, avec le soutien inexprimée mais indéfectible de sa cousine Skylar. Hittman met en scène ce récit de sororité alors que les deux jeunes femmes voyagent de leur ville natale de Pennsylvanie à New York – lieu le plus proche où Autumn peut obtenir cette intervention culpabilisante à bien des égards dans un pays où les femmes ne semblent pouvoir disposer de leur propre corps sans subir le poids du patriarcat et du conservatisme.

But you understand

La cinéaste filme ses protagonistes avec une parfaite simplicité, épurant le dialogue et la mise en scène, et tirant profit de l’interprétation subtile de ses deux comédiennes dont les regards et les gestes simples transmettent le tourment, la tension et l’empathie. À travers les échanges d’Autumn avec des professionnels médicaux et ce qui se joue délicatement dans l’implicite, le spectateur devine la complexité de l’épreuve que traverse l’adolescente alors qu’elle ne peut compter sur le soutien familial et doit composer, avec sa cousine, avec des enjeux financiers et logistiques. Climax du long-métrage, cet échange avec l’assistante donnant tout son sens au titre du film devient absolument déchirant, ajoutant une gravité insoupçonnée à ce voyage initiatique.

Sans tomber dans le pathos ou le larmoyant, Never rarely sometimes always illustre brillamment les aléas éprouvants et peu glorieux liés à la procédure d’avortement dans cette période où les droits des femmes sont plus que jamais attaqués. De petit film indépendant et touchant, il se mue progressivement en un poignant témoignage de notre époque, porté par le regard féminin indispensable d’une cinéaste qui n’a de cesse de confirmer son fantastique talent.

Bande-annonce

19 août 2020 – Réalisé par Eliza Hittman, avec Sidney Flanigan




%d blogueurs aiment cette page :