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NAISSANCE DES PIEUVRES

L’été quand on a 15 ans. Rien à faire si ce n’est regarder le plafond. Elles sont trois : Marie, Anne, Floriane. Dans le secret des vestiaires leurs destins se croisent et le désir surgit. Si les premières fois sont inoubliables c’est parce qu’elles n’ont pas de lois.

Critique du film

Fraîchement diplômée de la Femis, Celine Sciamma faisait de Naissance des pieuvres son tout premier essai cinématographique, projet de fin d’étude d’une cinéaste devenue depuis incontournable dans le paysage français. Tout dans cette première excursion derrière la caméra respire l’exercice de style. Un défaut évident qui se ressent essentiellement dans la caractérisation des personnages, assez stéréotypés, mais aussi dans quelques scènes du film dont on ressent clairement les influences pop-adolescentes.

Pourtant, (re)découvrir Naissance des Pieuvres a comme un goût d’enchantement. Si le film rappelle parfois Virgin Suicides ou Fucking Amal, il baigne son récit adolescent d’une mélancolie et d’un trouble qui ne laisse pas indifférent. Dans l’univers féminin (et compétitif) de la natation synchronisée, et bien avant Le grand bain ou Les crevettes pailletées, Céline Sciamma traite ses thématiques (la naissance du désir, la découverte de sa sexualité, le trouble adolescent) avec intelligence, évoquant avec justesse les démêlés affectifs de ses personnages jusqu’à un épilogue cohérent. La réalisatrice déconstruit le teen movie traditionnel pour se rapprocher de son sujet, nous épargnant une peinture de l’adolescence clichée faite de souffrance pathétique. Ici, la souffrance se trouve dans l’inassouvi.

Naissance des pieuvres

En sondant les tracas de ses trois adolescentes, Naissance des pieuvres va au-delà des films communs hexagonaux ou hollywoodiens (on est loin de Mean girls !) où tout reste trop souvent en surface. Pour son premier long métrage, la scénariste / réalisatrice use de sa métaphore visuelle pour explorer leur paradigme social. Sciamma évoque avec sensibilité ce pan d’existence où chaque adolescent aspire à la conformité, au-dessus de la ligne de flottaison et à l’individu qui descend en dessous – du fait de la pression des pairs, de l’insécurité physique, des premiers émois amoureux et des relations filles-garçons comme entre filles.

Enfin, si Naissance des pieuvres est le premier jalon d’une cinéaste qui affirmera progressivement son regard, son ton et sa voix, il marque aussi le début de la relation artistique et personnelle de Céline Sciamma avec une comédienne devenue indispensable à bien des égards, Adèle Haenel.


Disponible gratuitement sur le site de FranceTV


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