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MY ZOÉ

Après son divorce, Isabelle, généticienne, tente de reprendre sa vie en main. Elle tombe amoureuse et décide de relancer sa carrière. Mais son ex-mari, James a du mal à l’accepter et lui rend la vie dure dans la bataille qu’il mène pour obtenir la garde de leur fille Zoe. Une tragédie les frappe et la famille s’en trouve brisée. Isabelle décide alors de prendre le destin en main.

Critique du film

Pour son septième long-métrage en tant que réalisatrice, Julie Delpy signe un drama particulièrement risqué avec My Zoé. En effet, l’actrice, scénariste et réalisatrice de 51 ans parcourt les genres tout en demandant au spectateur de suivre une protagoniste qui sollicitera notre questionnement moral. Elle propose une vision intime et ambitieuse de la maternité, mêlant le drame de la séparation déchirant, teinté de science-fiction Black Mirror-esque, et soulève des questions éthiques épineuses concernant la reproduction et les progrès de la médecine.

Delpy, qui écrit, réalise et tient le rôle principal dans le film, incarne Isabelle, une scientifique basée à Berlin et la mère divorcée de la jeune fille Zoé. Lors du premier quart du film, on découvre la relation chaleureuse et aimante qu’Isabelle entretient avec Zoe en dépit de conflits autour de la garde partagée – le père de Zoe, James, nourrit une certaine amertume et lui reproche de ne pas ralentir le rythme du côté de sa carrière. L’écriture est incisive, et le film ne prend pas forcément parti, montrant combien Isabelle et James aiment Zoe, mais s’en veulent l’un à l’autre. Leurs échanges, teintés de rancoeur, autour des jours de garde de Zoe se transforment souvent en lacérations verbales impitoyables. Si My Zoé épouse en grande partie le point de vue d’Isabelle, évoquant en creux les questions de charge mentale, Delpy dresse le portrait féroce d’une mère qui aime son enfant avec une dévotion dévorante. Et lorsqu’arrive un drame du quotidien, après un segment central très éprouvant (et particulièrement réussi dans son écriture et son interprétation), cette dernière se retrouve alors sur un pente éthique glissante…

Certains aspects de ce dernier segment pourront déconcerter et demander au spectateur de laisser de côté ses croyances, alors qu’Isabelle est résolue à trouver une solution, quoiqu’il en coûte. Si le récit de Delpy peut laisser apparaître un brin de désordre, symptôme d’une production contrariée pour ce septième long-métrage qui a énormément coûté à l’artiste, le voyage émotionnel et personnel complexe et riche d’Isabelle fait de My Zoe un drame intime particulièrement singulier, qui ne laisse pas indifférent et ne manque pas de mettre chacun face à cette question : le chagrin et le désespoir peuvent-ils conduire à l’inimaginable, peu importe que l’on soit pondéré ou non ?

Bande-annonce

30 juin 2021De et avec Julie Delpy, Richard ArmitageDaniel Brühl et Gemma Arterton




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