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MUSIC HOLE

Francis, petit comptable officiant dans un cabaret miteux de Charleroi, a des soucis conjugaux avec Martine, son épouse. Après une violente dispute, il se réveille un matin pour découvrir une bien mauvaise nouvelle dans son propre congélateur. C’est le point de départ macabre et loufoque d’un polar burlesque parfumé de « gueuze » bien fraîche, de musique tzigane, sous fond de déni de la désagrégation du couple, où vont se croiser toutes les variétés de névroses et de folie.

Critique du film

Il est toujours un peu compliqué, quand on découvre une œuvre qui semble marquée par de nombreuses influences et dont les références ne manquent pas d’être écrasantes, de démêler justement ce qui est original et ce qui fait figure d’héritage. Music hole, de Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher, évoque pas moins que Rémy Belvaux, Guy Ritchie, Quentin Tarantino ou les frères Coen. Rémy Belvaux et à son fameux C’est arrivé près de chez vous, pour son humour très noir totalement décomplexé et pour la Belgique, Guy Ritchie pour les personnages déjantés tandis que le camp gitan renvoie à Snatch de façon assez évidente. La construction du film, à la chronologie éclatée, rappelle Quentin Tarantino et les frères Coen, convoqués par un non sens réjouissant. Quant à la bande son, qui prend parfois des accents des célèbres compositions de Goran Bregovic, elle ne manque pas de faire des personnages de Music Hole de dignes cousins de ceux d’Emir Kusturica en soulignant leurs outrances, leur folie et leur frénésie.

Music hole fonctionne plutôt très bien. D’une durée assez courte – à peine plus d’une heure vingt – il déroule sans temps morts une histoire rocambolesque et une ambiance déjantée où les personnages, tous plus fous les uns que les autres, semblent pris au piège de leurs propres fêlures. Les acteurs ont manifestement pris beaucoup de plaisir à interpréter ces personnages croquignolesques qui pourraient également sortir d’une bande dessinée. Que ce soit Wim Willaert, qu’on peut voir également actuellement dans Entre la vie et la mort, en homme brimé qui cherche à prendre sa revanche, Anthony Lewis en étalon narcissique ou Frédéric Imberty en patron de cabaret, les personnages masculins de cette histoire portent la marque d’une écriture qui renvoie souvent au neuvième art, grande spécialité belge devant l’éternel. Les personnages féminins ne sont pas en reste et sont bien défendus par le talent et l’abattage de Vanessa Guide, Laurence Oltuski ou Hande Kodja.

Drôle, très rythmé et déjanté, Music hole offre un bon moment de folie cartoonesque, de mauvais goût et d’humour noir totalement assumés. Le film deviendra-t-il aussi culte que certaines de ses références ? Seul l’avenir le dira. En tous les cas une belle occasion estivale de partir pour un bad trip percutant et revigorant.  

Bande-annonce

6 juillet 2022De Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher

 




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