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LE MUSÉE DES MERVEILLES

Subtil

Sur deux époques distinctes, les parcours de Ben et Rose. Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente ; Ben rêve du père qu’il n’a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d’une mystérieuse actrice. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York.

Sous les étoiles.

« We are all in the gutter but some of us are looking at the stars. » Souvent reprise ou déformée, cette phrase d’Oscar Wilde sied ici parfaitement au petit cabinet de curiosités ouvert par Todd Haynes dans Le musée des merveilles (Wonderstruck). Alors que Carol, son précédent long-métrage encensé à Cannes et adapté du roman de Patricia Highsmith, est encore dans tous les esprits, le réalisateur s’attaque, cette fois, à un ouvrage éponyme de littérature jeunesse écrit par l’auteur d’Hugo Cabret. L’héritier de Douglas Sirk, grand spécialiste du mélodrame, semble donc s’éloigner de ses premières amours avec une proposition à mille lieues de Loin du Paradis mais les apparences se révèlent finalement trompeuses.

Plus proche de son univers que prévu, Le musée des merveilles suit les destins croisés de deux enfants sourds, Rose et Ben (les formidables Millicent Simmonds et Oakes Fegley), à cinquante ans d’intervalle. Chacun à sa manière veut fuir une famille dysfonctionnelle ou littéralement éclatée pour renouer avec une bienveillance et un encadrement qui leur font défaut. Tandis que le jeune garçon doit affronter la disparition brutale de sa mère et se lancer à la recherche de son père, la petite fille décide d’échapper à un environnement hostile en se rapprochant d’une actrice qu’elle admire. Les ficelles pourraient devenir énormes, accoucher d’un film où la guimauve coule à flots, où le pathos dégouline de tous côtés, mais Todd Haynes a l’intelligence de laisser la sensibilité naturelle de son récit faire des miracles.

Grâce à un montage éblouissant où l’entrelacement des temporalités rend un vibrant hommage au cinéma muet et au noir et blanc, Le musée des merveilles brille en donnant à percevoir finement la surdité. Peu dialogué, le film privilégie la force des images et la somptueuse partition de Carter Burwell, véritable personnage à part entière servant de passeur entre les époques. Il suffit alors d’observer deux enfants arpenter un Muséum d’Histoire Naturelle pour comprendre le secret de leurs existences et ainsi voir l’émotion affleurer jusqu’à un final s’invitant chez Wes Anderson et Steven Spielberg. Vraiment merveilleux.

La fiche

LE MUSÉE DES MERVEILLES (WONDERSTRUCK)
Réalisé par Todd Haynes
Avec Oakes Fegley, Millicent Simmonds, Julianne Moore, Michelle Williams…
Etats-Unis – Drame 
Sortie : 15 novembre 2017
Durée : 117
 min




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