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MONTY PYTHON, SACRÉ GRAAL

Le roi Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde se lancent à la conquête du Graal, chevauchant de fantômatiques montures dans un bruitage de noix de coco cognées. La petite troupe va devoir passer mille épreuves, dont un chevalier à trois têtes, des jouvencelles en chaleur, voire même un terrible lapin tueur.

Des lamas peuvent-ils faire un film ?

Monty Python – Sacré Graal est étrange à plus d’un titre. Le groupe de comiques vient de renverser la BBC durant cinq ans avec le Flying Circus, délire à sketchs hebdomadaire de trente minutes qui se moquait allègrement de la société britannique et de l’absurdité de la vie entre 1969 et 1974. Surfant sur sa notoriété, le sextet anglo-américain décide de se lancer dans l’écriture et la réalisation d’un film sur la quête du Graal du Roi Arthur, tout en gardant le format des sketchs qui ont fait leur succès. Derrière la caméra, Jones et Gilliam ; devant la caméra, les six comiques, plus des extras aperçus déjà dans leur émission – notamment Carol Cleveland ou Connie Booth, qui y apparaissent régulièrement.

Le résultat est… réjouissant mais inclassable. Inutile de reparler de ce qui s’y passe, la Terre entière ayant déjà vu les moments les plus cultes du film – disons que le passage avec Lancelot qui court vers le château en boucle a une préférence particulière dans le coeur de l’auteur de cet article. Pas question de parler de photographie ou de direction d’acteurs, car cela n’intéresse personne dans le cas présent. Ce qui compte ici, ce sont les sketchs et leur enchaînement. Car, et c’est l’autre particularité du métrage, il n’est pas un simple film à sketchs comme Les Monstres ou Les Nouveaux Monstres de Dino Risi ; en effet, si chaque Python écrit dans son coin les sketchs (soit par groupe de deux ou trois, soit Idle tout seul par habitude) et bien que le fil rouge narratif est aussi fin que le tranchant d’un couteau à beurre, il existe tout de même. Donc on se retrouve avec un Sacré Graal ni comédie classique, ni film à sketchs… Alors qu’est-il ?

Peut-être juste une ode à la simplicité, finalement. Car si l’on regarde bien Holy Grail, on se rend compte que si la mise en scène de Jones et Gilliam est plutôt minimaliste, ils parviennent à en tirer profit pour rendre le film meilleur. Des chevaux ? Pas besoin, ils seront remplacés par un fruit coupé en deux qui produira un running gag tout le long du film. Pas besoin de cinquante acteurs différents vu que les Python jouent chacun plusieurs personnages. Le talent pour l’écriture et la composition d’Eric Idle et de son acolyte Neil Innes (qui joue son valet par ailleurs) permettent de glisser des séquences musicales dans le film afin de varier les sketchs. Dans la même idée de variété, les séquences animées de Gilliam, poursuivant son travail effectué sur le Flying Circus, permettent de faire respirer le film, en plus de faire le lien entre les différentes séquences, en plus de pouvoir créer toutes sortes de monstres qui peuvent disparaître à la mort du dessinateur.

Écrit par des gens talentueux, Monty Python – Sacré Graal est assurément unique. Pas forcément recommandable pour tout le monde, notamment si l’humour absurde ne vous parle pas, il n’en est pas moins un incontournable. Et pour une fois, il offre la possibilité de parler d’autres choses que de photographie, de mise en scène ou de direction d’acteurs-rongeurs. De quoi se taper la tête de bonheur avec sa plus belle planche en bois.




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