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MILLENIUM : CE QUI NE ME TUE PAS

Frans Balder, éminent chercheur suédois en intelligence artificielle fait appel à Lisbeth Salander afin de récupérer un logiciel qu’il a créé et permettant de prendre le contrôle d’armes nucléaires. Mais la NSA ainsi qu’un groupe de terroristes mené par Jan Holster sont également sur la piste du logiciel. Traquée, Lisbeth va faire appel à son ami le journaliste Mikael Blomkvist qu’elle n’a pas vu depuis 3 ans.

Mort dans l’oeuf.

Longtemps espérée, la suite de la bombe de Fincher, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, n’a finalement jamais vu le jour. Sept ans plus tard, c’est une version très discount qui débarque en salle. Exit Fincher donc, adieu le charismatique tandem composé par Rooney Mara (inouabliable dans la peau de Lisbeth) et Daniel Craig, pour des questions de cachet trop élevé ou de timing dépassé. Coucou Fede Alvarez, l’homme responsable du médiocre Don’t breathe, et Claire Foy, décidément partout cette année (Paranoïa, First man, Breathe…) pour donner vie à un sequel moitié moins onéreux.

Squeezant directement les deuxième et troisième romans, la suite des aventures d’un des personnages les plus fascinants du polar contemporain a été confiée à un yes-man sans personnalité et à un scénariste alignant les navets comme on enfile les perles. Ainsi, c’est sans surprise que l’on ne peut regretter que Millenium : Ce qui ne me tue pas ne soit rien de plus qu’une production générique à ranger dans la catégorie « série B ».

Lisse, bête.

Réduite à l’archétype de la bad-ass vengeresse, la Lisbeth Salander remodelée par Alvarez et Knight n’est qu’une version réductrice de ce personnage complexe qui suscite une grande fascination chez les fans de la saga. La jeune femme, brillante et imprévisible, a dans Ce qui ne me tue pas un comportement assez simpliste, oubliant même de désactiver un smartphone afin de ne pas se faire repérer par les criminels à ses trousses. Tête de linotte ? Celle qui a toujours un coup d’avance fonce à toute allure dans les pièges tendus faisant ressorts de twists artificiels imaginés par des auteurs en panne d’inspiration.

Visiblement peu intéressés par l’investigation, à l’inverse de Steven Zaillian dans Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, Alvarez et Knight se désintéressent complètement de l’enquête, ne s’embarrassant d’aucun détail et d’aucun arc scénaristique, misant totalement sur l’efficacité des scènes et l’utilité divertissante des dialogues. Pire, en voulant transformer Millenium en machine à cash, Salander devient une action-woman à la Jason Bourne, très éloignée de l’essence du personnage façonné par feu-Stieg Larsson, tandis que les protagonistes ne sont que des pions utiles à faire avancer la grosse bécane et la méchante soeur un vulgaire levier pour nourrir grossièrement le passif de Lisbeth.

 

Lisbeth Salander, un personnage sacrifié ?

Salander devient une action-woman à la Jason Bourne…

Autour d’une intrigue terriblement convenue que l’on croirait issue d’un James Bond (un logiciel informatique permettant de prendre contrôle de l’arsenal nucléaire mondial risque de tomber dans de mauvaises mains), le bien mal nommé Ce qui ne me tue pas donne a contrario l’impression d’enterrer définitivement une saga méritant de bien plus hauts standards – établis par le tandem Fincher/Mara – et de bien plus dignes ambassadeurs. Avec sa coupe à la Justin Bieber, Claire Foy se donne pourtant bien du mal pour dissimuler les lacunes d’un rôle sous-écrit aux côtés d’un Mikael Blomkvist transparent et d’une galerie de personnages secondaires incroyablement pauvres.

Dans l’ombre de Fincher

Aux manettes, Fede Alvarez, lui, confirme que sa réalisation est décidément dépourvue de caractère, accumulant les plans lisses et les fioritures visuelles, anesthésiant les évidents efforts de l’équipe technique du fait d’un complexe d’infériorité criant. Certains séquences semblent même n’exister que pour l’amusement technique, comme cette scène de boîte de nuit qui ne raconte absolument rien et se contente de suivre l’héroïne empruntant un couloir éclairé aux néons roses avant de s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre circulaire. L’ombre de Fincher comme trop lourd héritage ?

Projet condamné dès sa gestation du fait de choix peu audacieux, afin de rentabiliser des droits acquis en début de décennie, Millenium : Ce qui ne me tue pas est un nouveau chapitre terne et bourrin qu’il aurait été judicieux de tuer dans l’oeuf.

La fiche
Millenium Ce qui ne me tue pas affiche

MILLENIUM : CE QUI NE ME TUE PAS
Réalisé par Fede Alvarez
Avec Claire Foy
Etats-Unis – Thriller

Sortie : 14 novembre 2018
Durée : 116 min




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