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MESSE BASSE

Dans une grande maison bourgeoise, deux femmes, une veuve et une étudiante, se disputent l’amour d’un homme disparu jusqu’à sombrer dans la folie. 

CRITIQUE DU FILM

Assister à la projection d’un premier film a quelque chose des premiers rendez-vous amoureux. On ne sait pas quelle tournure prendra l’évènement, mais on espère toujours quelque chose – et a fortiori, de concrétiser peut-être ce qu’avait laissé présager d’éventuels préambules écrits. Et sur le papier, la perspective de rencontrer la réalisation de Baptiste Drapeau pouvait éveiller quelques frissons. Issu du monde de l’animation, auréolé de plusieurs prix sur ses courts-métrages Venir sur ses pas et Moitié-Moitié, il nous propose, avec Messe basse son premier long-métrage, de réunir deux actrices bien connues du public français dans un décor de manoir hanté.

Julie, jeune fille douce et introvertie venant de commencer des études d’aide-soignante, emménage chez Elizabeth, veuve de Victor depuis vingt ans, qui lui prête une chambre de sa maison en échange de quelques services ménagers. Or, malgré les années qui passent, Elizabeth n’a jamais oublié Victor, et persiste à faire comme s’il vivait toujours auprès d’elle – au point d’imposer plus ou moins implicitement sa présence à Julie. Si dans un premier temps, Julie joue le jeu d’Elizabeth pour lui faire plaisir, la compagnie fantasmagorique de Victor, entretenue par Elizabeth et intégrée par Julie, pèsera de plus en plus sur les deux femmes au point de virer à un dangereux triangle amoureux.

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LA M(ALADR)ESSE EST DITE

A n’en pas douter, Messe Basse se voulait être une jolie évocation du deuil avec quelques reliefs horrifiques, ainsi qu’une forme d’hommage aux classiques des films d’ambiance où la tension psychologique tire sur les nerfs du spectateur – au point de frôler lui aussi la ligne imperceptible entre réel et fiction, et qui permet le temps d’une œuvre réussie, la tant désirée suspension d’incrédulité.

La volonté de Baptiste Drapeau se ressent autant dans le rythme de narration que dans les quelques trésors d’ambiguïté déployés pour entretenir le fantasme de Victor sur lequel se déchirent progressivement Julie et Elizabeth. L’action se déroulant du point de vue de la première, Alice Isaaz a eu tout le loisir de faire montre d’une bonne palette de jeu – en particulier en première moitié de film. Jacqueline Bisset, pourtant un peu plus enfermée, campe quant à elle sans grande difficultés une veuve rongée de chagrin au point d’en faire ressortir sa perversion plutôt que sa fragilité. Malheureusement, lorsque les scènes s’enchainent à grand renfort de musique de suspens et que les lignes de dialogue se font plus convenues, le film peine à trouver son panache, et survole plus qu’il ne prend de hauteur sur son sujet premier.

De plus, si les plus sensibles ne manqueront pas de sursauter devant quelques séquences oniriques, ils n’auront, tout comme les amateurs du genre, aucun mal à voir se profiler la fin du film – et à regretter la présence de certains effets plutôt gratuits qui relèvent sans doute, là encore, de l’hommage. Reste alors l’idée un peu vague que le souvenir fantasmé d’une personne peut se confondre avec le fantasme amoureux d’une personne que l’on ne connait que peusorte de prosopopée, un peu gauche mais non dénuée d’intention, du premier émoi.

Bande-annonce

4 août 2021 au cinéma – Avec Alice IsaazJacqueline BissetFrançois-Dominique Blin




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