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MEMORIA

Une horticultrice écossaise spécialisée dans les orchidées rend visite à sa soeur malade, à Bogota en Colombie. Au cours de son séjour, elle se lie d’amitié avec une archéologue française, en charge du suivi d’un projet de construction, et avec un jeune musicien local. Chaque nuit, elle est dérangée par des détonations de plus en plus fortes qui l’empêchent de dormir…

Critique du film

En 2010, Apichatpong Weerasethakul remportait la Palme d’Or pour son énigmatique Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures. Pour la première fois, le réalisateur quitte sa Thaïlande natale pour poser sa caméra en Argentine aux côtés de l’actrice Tilda Swinton. Avec Memoria, le réalisateur offre une expérience hors-norme qui n’a pas manqué de diviser lors de sa présentation en Compétition Officielle. 

Si l’on ne parvient pas à saisir pleinement le sens d’un tel film, on peut se fier à ses émotions. Car Memoria délaisse l’intellect pour un cinéma de la sensation, qu’on ressent avec le ventre, si tenté que l’on se laisse porter. Dès sa première longue scène, Apichatpong Weerasethakul brise l’apparente tranquillité de son récit et nous sort de la torpeur par un bruit soudain. L’état de quasi-méditation laisse place à une alerte permanente. Comme pour son personnage à l’écran, le film se mue en une quête de sérénité : il va s’agir alors pour nous, spectateurs et spectatrices, d’apprivoiser la surprise, et l’angoisse . 

Memoria débute comme un film de fantômes. L’empreinte spectrale se matérialise dans le son, qui ne connaît pas d’espace-temps et vient déranger le monde des vivants. Il contient en lui une mémoire du monde, à la fois future et présente qui vient hanter son personnage principal, Jessica Holland, au point de l’empêcher de trouver le sommeil. Apichatpong Weerasethakul capte le vertige de l’urbanité, en plan fixe, qui grouille de monde. Mais c’est toujours dans la forêt, amplifiée par un travail sonore qui laisse émerger la beauté de la nature, que la paix est retrouvée. 

La beauté hallucinante des images est propice à la contemplation et à l’introspection. On notera cette scène de portrait robot d’un bruit, rarement vu à l’écran, saisissante d’étrangeté. Memoria par sa force tranquille se dépose dans l’esprit pour y éclore. Encore faut-il se prêter à ce jeu exigeant, dont l’expérience si particulière regorge d’une splendeur démesurée.

Bande-annonce

13 novembre 2021 – De Apichatpong Weerasethakul, avec Tilda SwintonJeanne BalibarElkin Díaz


Cannes 2021Compétition (Prix du Jury)




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