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MÉDUSE


Romane habite avec sa sœur Clémence restée hémiplégique et privée de la parole des suites d’un accident. Le quotidien de Romane est rythmé par son travail à l’extérieur et l’attention quasi permanente que demande Clémence à la maison. Un soir, Romane rentre tard en compagnie de
Guillaume dont elle tombe rapidement amoureuse. Celui-ci se sent alors investi d’une mission : redonner corps et vie à Clémence.

Critique du film

Variation autour du triangle amoureux, voici un premier film à la mise en scène soignée qu’on aurait espéré plus troublant encore. On retiendra de ce huis-clos psychologique le beau travail sur la lumière et la confirmation de l’immense talent d’Anamaria Vartolomei. Le jeune comédienne de L’Évènement donne au film, dans un rôle piégeux, l’éclatante simplicité dont il manque par ailleurs.

Atmosphère mortifère

Pour décor unique : une grande maison dans laquelle la vie semble s’être figée. Deux sœurs, Romane et Clémence, se partagent un espace envahi par la douleur suite au drame qui les a rendues orphelines. Le destin frappe au hasard, l’accident qui a coûté la vie à leur mère a laissé Romane indemne et de lourdes séquelles à Clémence. Les deux sœurs semblent ne pas avoir les ressources pour échapper à ce cocon qui se referme sur elles comme un piège.

Le film ausculte le lien de dépendance qui les unit et les désolent, en décrivant parfaitement l’atmosphère mortifère du lieu, baigné de soleil, de solitude et de culpabilité. Avec ses couleurs automnales et sa lumière éthérée, le film travaille une perception transparente, où le drame ankylose le réel.

MEDUSE

Bouffées de paranoïa

L’arrivée de Guillaume vient bousculer le cours des choses. L’amant de Romane découvre l’existence de cette sœur cachée et son sang de pompier ne fait qu’un tour. Le syndrome du sauveur l’aimante à Clémence, dont il se met en tête de réparer le corps et raviver le sourire. Il trouve les bons mots et la juste attitude, les progrès de Clémence sont rapides et spectaculaires, un déclic a eu lieu. Pour les besoins du récit, les choses vont sans doute trop vite mais l’on suit pas à pas, sur le visage d’Anamaria Vartolomei, le parcours de renaissance, le flux de sang qui circule à nouveau. Il n’est jamais facile de jouer l’infirmité, le risque de trop en faire étant réel, mais la comédienne s’en sort formidablement, fleur fanée qu’une goutte d’attention suffit à réveiller.

Le ver de la suspicion

L’évidente complicité entre Guillaume et Clémence étonne puis affecte Romane, dont les élans de jalousie entraînent le film vers le genre. Sophie Levy introduit des bouffées de paranoïa comme autant de parenthèses d’angoisse. La menace à l’oeuvre est celle qui vise à déséquilibrer les relations triangulaires, dont Romane pensait être le moteur et le centre. Le ver de la suspicion est dans le fruit de la renaissance, Romane n’accepte pas ce sentiment de mise à l’écart, d’autant moins qu’elle était de loin de penser que Clémence pouvait devenir une rivale. Mais l’est-elle vraiment ?

Les personnages de Méduse souffrent probablement d’une écriture rendue stéréotypée par la (pourtant libre) adaptation du mythe éponyme. C’est d’autant plus dommage que la mise en scène est souvent inventive, parfois jusqu’à la sophistication mais peu nombreux sont les premiers films qui font preuve d’une telle ambition formelle. Les promesses l’emportent assurément sur les réserves.

Bande-annonce

26 octobre 2022 – De Sophie Levy
avec Roxane Mesquida, Arnaud Valois, et Anamaria Vartolomei




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