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MARVIN OU LA BELLE ÉDUCATION

Potentiel sous-exploité

Martin Clément, né Marvin Bijou, a fui. Il a fui son petit village des Vosges. Il a fui sa famille, la tyrannie de son père, la résignation de sa mère. Il a fui l’intolérance et le rejet, les brimades auxquelles l’exposait tout ce qui faisait de lui un garçon «différent». Envers et contre tout, il s’est quand même trouvé des alliés. D’abord, Madeleine Clément, la principale du collège qui lui a fait découvrir le théâtre, et dont il empruntera le nom pour symbole de son salut. Et puis Abel Pinto, le modèle bienveillant qui l’encouragera à raconter sur scène toute son histoire.

Réécriture.

Adolescent, Marvin Bijou a quitté ses Vosges natales et sa famille, persécuté à cause de son homosexualité. Adulte, devenu Martin Clément, il décide d’écrire une pièce de théâtre pour exorciser le traumatisme de son enfance. Si les lieux et les noms ont changé, pour qui a lu En finir avec Eddy Bellegueule, le parallèle avec l’histoire de son auteur, Edouard Louis, ne fait que peu de doute. Pour autant Marvin ou la belle éducation ne se revendique pas comme une adaptation du roman, réfutée par l’auteur lui-même. Anne Fontaine semble avoir voulu surtout mettre en avant la tendresse qui se cache derrière la violence dans En finir avec Eddy Bellegueule, en réécrivant notamment la trajectoire du personnage devenu adulte. D’un roman sur la fuite, Anne Fontaine livre un film sur le retour. Elle met ainsi en parallèle les souvenirs d’enfance avec les errances et la construction intérieures du personnage principal, jusqu’à ce qu’il fasse la paix avec lui-même, se réinvente et accepte qu’une part de Marvin Bijou reste en Martin Clément.

Si le film est porté par un excellent casting (Jules Porier, Marvin enfant, et Finnegan Oldfield, Marvin adulte, ne font qu’un ; les seconds rôles, de Grégorie Gadebois à Vincent Macaigne, en passant par Catherine Mouchet, sont parfaits), il est par contre assez dommageable qu’Anne Fontaine ne fasse finalement que survoler les questionnements intérieurs de son personnage. La faute essentiellement à une narration non chronologique qui, si elle permet le parallèle entre l’enfant et l’adulte, nuit à l’évolution du personnage. La partie adulte est également parasitée par un trop grand nombre de personnages secondaires. Anne Fontaine a choisi de représenter les interrogations de Marvin à travers des rencontres et des expériences au détriment de séquences plus introspectives.Au final, seules les scènes avec Vincent Macaigne et Sharif Andoura, par ailleurs les plus réussies, s’avèrent avoir un réel intérêt (dans le processus évolutif du jeune garçon). Le film prend cependant son envol dans sa dernière partie, où les retrouvailles entre Marvin et ses proches sont particulièrement subtiles et vives en émotion. Une fin qui rattrape un film en demi-teinte au potentiel sous exploité.

La fiche

MARVIN OU LA BELLE ÉDUCATION
Réalisé par Anne Fontaine
Avec Finnegan Oldfield, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne…
France – Drame
Sortie : 22 novembre 2017
Durée : 
113 min




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