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MADRES PARALELAS

Deux femmes, Janis et Ana, se rencontrent dans une chambre d’hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, d’âge mûr, n’a aucun regret et durant les heures qui précèdent l’accouchement, elle est folle de joie. Ana, en revanche, est une adolescente effrayée, pleine de remords et traumatisée. Janis essaie de lui remonter le moral alors qu’elles marchent telles des somnambules dans le couloir de l’hôpital. Les quelques mots qu’elles échangent pendant ces heures vont créer un lien très étroit entre elles, que le hasard se chargera de compliquer d’une manière qui changera leur vie à toutes les deux.

 Critique du film

Madres paralelas a fait l’ouverture de la Mostra de Venise 2021 et a permis à Penelope Cruz de remporter la Coupe Volpi de la meilleure interprète féminine, prix mérité mais qu’on aurait aimé voir partagé avec Milena Smit, tant cette dernière constitue la véritable révélation d’un film qui s’avère un assez bon cru dans la filmographie de Pedro Almodovar mais n’est pas le grand film qu’on était en droit d’espérer après Julieta ou Douleur et gloire. 

Madres paralelas bénéficie de plusieurs atouts de taille : une interprétation sensible de la part de l’ensemble de la distribution, des thèmes forts – même si l’un d‘entre eux aurait certainement mérité un développement plus conséquent -, une richesse formelle, tant dans la musique d’Alberto Iglesias que dans la photographie qui met en valeur les ambiances et le travail du chef décorateur.

Tout sur la mère

La partition d’Alberto Iglesias, qui prend parfois des accents inquiétants, ajoute par certains moments une ambiance presque hitchcockienne à l’intrigue, lors de scènes avec la mère d’Ana notamment – jouée par Aitana Sanchez-Gijon, qui distille mystère et ambiguïté. Cet aspect suspense ne parcourt pas tout le film, mais le ponctue avec parcimonie et nous rappelle à quel point Pedro Almodovar fait partie de ces réalisateurs grands cinéphiles devant l’éternel – on pense aussi à Douglas Sirk pour la recherche esthétique et l’aspect mélodramatique parfois rocambolesque. 

Le film brasse plusieurs thématiques : la maternité, quelle que soit la forme qu’elle prend, la transmission, mais aussi le thème du non-dit, du silence, qui fait aussi allusion au traumatisme de la guerre civile et c’est peut-être là que le bât blesse : on aurait aimé plus de développement de cet aspect. Le non-dit, ce qu’on refuse de dévoiler, touche la plupart des personnages de ce film. Et ce n’est pas toujours pour de mauvaises raisons, mais parfois pour protéger l’autre. On peut regretter également quelques faiblesses scénaristiques : certains événements sont un peu prévisibles. Et on se surprend parfois à être finalement moins ému qu’intrigué par les personnages, à l’exception peut-être du personnage d’Ana, à qui Milena Smit offre toute sa fragilité, sa sensibilité. 

Malgré ces quelques réserves, Madres Paralelas reste un film plus qu’honorable et offre, outre une mise en scène sobre et fluide, un certain mystère, une émotion contenue et beaucoup de pudeur, une conclusion assez intense, dont l’image finale assez marquante fait qu’on est encore dans le film en sortant de la salle, tenaillé par des questions. Un film qu’il faut probablement laisser décanter et revoir.

Bande-annonce

1er décembre 2021De Pedro Almodóvar, avec Penélope CruzMilena Smit




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