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LUCKY DAY

La fiche

Réalisé par Roger Avary – Avec Luke Bracey, Nina Dobrev, Crispin Glover – Thriller – Etats-Unis – 2019 – 1h35

C’est le grand jour, Red sort de prison, après avoir purgé deux ans pour un braquage de banque qui s’est soldé par la mort de son complice. Il retrouve sa femme Chloé qui l’a attendu tout en élevant seule leur fille Beatrice. Le même jour, Luc, le frère de son ancien complice, tueur à gages et psychopathe notoire, débarque assoiffé de vengeance et avec la ferme intention de l’éliminer…

La critique du film

Dix-sept ans après Les Lois de l’attraction, rare exemple d’une adaptation réussie de Bret Easton Ellis, Roger Avary est enfin de retour. L’ancien compère de Quentin Tarantino, longtemps resté dans l’ombre de son pote (on lui doit en partie les scripts de Pulp Fiction et True Romance) avant d’éclater au grand public avec Killing Zoé, avait disparu des radars à la suite d’un grave accident de la route ayant coûté la vie à son passager et qui lui a valu un an de prison. On pouvait donc enfin se réjouir de voir débarquer sur nos écrans ce prometteur Lucky Day, qui devait signer le retour au premier plan du cinéaste. Malheureusement, le résultat est loin d’être à la hauteur…

La bande-annonce faisait déjà craindre le pire, mais on sait que ces outils promotionnels peuvent ne pas être du tout représentatifs du produit fini. En l’occurrence, ce qui nous était vendu naviguait entre le navet embarrassant et le film d’action fun et bourré d’énergie. Sans grande surprise, c’est face au premier cas de figure que l’on se retrouve, tant Avary reprend tous les clichés du polar sous adrénaline à la Pulp Fiction, l’énergie, le charisme et la maestria en moins. Car Lucky Day n’est au final qu’un produit paresseux aux allures de DTV, qui se veut « à la cool » mais a tout du film ringard et resté bloqué dans une certaine époque. Cette époque, c’est celle des années 90 et même s’il est peu clair que le film soit situé dans cette période (même si certains indices peuvent le laisser penser), ce qui est sûr c’est qu’il arrive au cinéma 25 ans trop tard.

Pour ne rien arranger, on a constamment l’impression qu’Avary se moque de ses spectateurs – même s’ils risquent d’être peu nombreux. Comment expliquer autrement les accents improbables dont sont affublés les pauvres Crispin Glover, Nina Dobrev et Nadia Farès (oui oui, Nadia Farès) ? Non content de les faire parler anglais avec des accents ridicules à couper au couteau, Avary choisit carrément de faire parler en français ses acteurs anglophones supposés parler français mais qui ne le parlent qu’en mode phonétique ! Oui ça a l’air peu clair à l’écrit, mais ce n’est rien par rapport au rendu final à l’écran, devant lequel la réaction la plus simple à adopter est d’en rigoler en attendant que ça passe.

Et l’action, me direz-vous ? Là où Killing Zoé distillait une folie et une énergie brutes pendant ses 95 minutes, tout est ici désespérément plat, sans envergure, à l’image du rôle-titre tenu par un Luke Bracey faisant le strict minimum. La séquence de gunfight dans la galerie d’art est un summum de mollesse, et ce n’est pas l’attaque gratuite et lourdaude sur l’art contemporain qui y changera quoique ce soit.
Et ne comptez pas sur l’humour pour rattraper tout ça, car là aussi c’est la gêne qui règne en maître : chacune des vannes semble arriver avec 20 secondes de retard, le moindre timing comique est raté. Non seulement on s’ennuie, mais en plus on ne rit pas.

Lucky Day est donc un ratage total, une petite ringardise venue d’une époque révolue. Gardons espoir en Avary. L’auteur de Killing Zoé et des Lois de l’attraction doit forcément être encore caché encore quelque part – ne manque plus qu’un projet plus ambitieux et une approche moins je-m’en-foutiste pour le faire réémerger.



Bande-annonce

Au cinéma le 18 septembre




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