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LONG WAY HOME

La fiche
Long way home affiche

Réalisé par Jordana Spiro – Avec Dominique Fishback, Tatum Marilyn Hall…
Etats-Unis Drame – Sortie : 13 février 2019 – Durée : 87 min

Synopsis : À sa sortie de prison, Angel, 18 ans, retrouve sa jeune sœur Abby dans sa famille d’accueil à Philadelphie. Malgré leur profonde complicité, le drame qui les a séparées a laissé des traces. Avant de tourner la page, Angel sait qu’elle doit se confronter au passé et convainc Abby de l’accompagner dans son périple. Ensemble, elles prennent la route, sans mesurer ce que va provoquer chez elles ce retour aux sources.

La critique du film

Une journée à la plage, quelques rires échangés, la saveur d’une eau fraîche, avant que ne vienne la nuit. Tout chez Angel semble pointé vers la fin inexorable d’une journée passée à chercher son père, ce géniteur honni désigné comme cible pour cette adolescente. Tout juste sortie d’une prison pour mineurs, son projet se résume en cette seule perspective, contenue dans une discussion du début de l’histoire où il n’est nullement question de rédemption ou de projets d’avenir. Premier film de l’actrice Jordana Spiro, Long way home est une véritable odyssée, jusqu’à retrouver la maison de l’enfance, vidée d’une famille éclatée par le drame.

Si le film est fragile, reposant tout entier sur un postulat de vengeance, son talent est de jouer la carte de l’ellipse et du non-dit, concentré sur ses personnages, et principalement sur cette sororité. Les failles dans la relation des deux sœurs, leur fragilité, sont le sel d’une histoire qui sonne comme une tragédie moderne. Angel ressemble par certains aspects au personnage d’Alain du Feu follet de Drieux la Rochelle. Son escapade est une sorte de baroud d’honneur, un dernier tour dans le monde, avec une issue qui ressemble là aussi à un suicide potentiel. Seule la mort peut dès lors conclure les projets d’une jeune femme perdue et prête à tout.

Une constante se dégage du film, c’est la déroute des personnages masculins, et par la même d’une image très sombre de la masculinité. Si le père est la source de tous les maux, il a brisé la famille, précipité tous les malheurs de ses filles. Les autres hommes rencontrés sont du même bois. Tour à tour agresseurs, meurtriers, les personnages masculins ne rentrent dans le champ que pour rappeler leurs défauts et leurs influences néfastes sur ces jeunes femmes qui se construisent sans eux, ce jusque dans leurs histoires d’amour. La souffrance portée en creux par ces filles qui ne sont plus vraiment des enfants, lestées par trop de peines, menace d’exploser à chaque instant. La tension est toujours présente dans le visage fermé d’Angel, incarné par une très convaincante Dominique Fishback.

Long way home film
Long way home est un titre qui insiste sur le voyage effectuée par les deux sœurs, car si l’issue se dessine tout de suite, c’est cette aventure partagée qui épaissit l’intrigue qui pouvait paraître jusque là bien mince. Abby, tout juste dix ans, fait jouer la corde sensible de son aînée, qui avait débuté son histoire avec une dureté infinie et beaucoup de désespoir. L’émotion du film naît avec cette jeune sœur et son ambition de passer une journée avec celle qui est son modèle et son idole. Cette petite fille a tout de ces enfants vieillis prématurément par les aléas de la vie, avec le drame comme accélérateur d’expérience. Si le film n’est pas totalement réussi, il peine en effet à décoller dans sa première partie, il touche par sa profonde humanité, et par le talent de ses deux jeunes actrices (honorées au festival Chéries-chéris), qui avaient touché le jury du Festival de Deauville 2018.

Une odyssée se termine toujours par un retour au pays et une confrontation avec ses proches. Celle d’Angel est un grand moment de bravoure et d’intensité, conclusion parfaite d’une histoire intime et touchante qui brille par sa sincérité et sa sensibilité.



La bande-annonce




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