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LIZ ET L’OISEAU BLEU

La fiche

Réalisé par Naoko Yamada
Japon Animation – Sortie : 17 avril 2019 – Durée : 90 mn

Synopsis : Nozomi est une jeune femme extravertie et très populaire auprès de ses camarades de classe, doublée d’une talentueuse flûtiste. Mizore, plus discrète et timide, joue du hautbois. Mizore se sent très proche et dépendante de Nozomi, qu’elle affectionne et admire. Elle craint que la fin de leur dernière année de lycée soit aussi la fin de leur histoire, entre rivalité musicale et admiration. Les 2 amies se préparent à jouer en duo pour la compétition musicale du lycée Kita Uji. Quand leur orchestre commence à travailler sur les musiques de Liz und ein Blauer Vogel (Liz et l’Oiseau Bleu), Nozomi et Mizore croient voir dans cette oeuvre bucolique le reflet de leur histoire d’adolescentes. La réalité rejoindra-t-elle le conte ?

La critique du film

Naoko Yamada est un nom qui compte dans l’animation japonaise contemporaine. Son film précédent, A silent voice, qui maniait avec intelligence la thématique du handicap en milieu scolaire, avait été une des grandes dates de l’année 2017, conditionnant une grande attente pour son nouveau film. Cette histoire est à la fois une adaptation de romans à succès de la littérature jeunesse nippone, l’univers de « sound ! Euphonium »,  mais également une série télévisée, dont l’auteur de Liz et l’oiseau bleu fut l’une des réalisatrices. On retrouve une équipe rodée et structurée, à savoir la société Kyoto animation, et une entente parfaite entre la réalisatrice et le compositeur Kensuke Ushio, qui opérait déjà sur A silent voice. L’importance de la musique est encore plus importante dans ce nouveau film, son titre faisant référence à une partition musicale, inspirée  par l’Oiseau bleu de Gustave Maeterlink, pièce de théâtre datant de 1908. Toute l’histoire repose sur un parallèle entre la musique, pratiquée par les deux protagonistes principales, Nozomi et Mizore, et l’histoire de Liz et cet oiseau bleu, qui devient une jeune fille. Les deux amies se reconnaissent dans ce script, et les parallèles sont nombreux.

L’intrigue est ici beaucoup plus resserrée que dans A silent voice, tout le récit étant contenu dans l’amitié étrange qui existe entre les deux jeunes filles. Mizore est aussi réservée et sauvage que Nozomi est solaire et extravertie. La première ne semble exister que dans l’ombre de celle qu’elle admire plus que tout. Le mimétisme qui fonde sa démarche l’a poussé à choisir la musique, un ciment supplémentaire entre elles. Rarement on aura vu un film d’animation où la partition est autant un personnage à part entière de l’histoire.

Envole-moi

Un thème est fondamental au cœur de la narration, c’est l’épanouissement du petit oiseau bleu, son envol loin de celle qui lui avait donné son humanité. Là encore, le parallèle avec le monde réel devient vite évident : la timide et réservée Mizore se révèle être beaucoup plus douée pour le hautbois que son amie Nozomi ne l’est pour la flûte traversière. C’est elle la virtuose du groupe, la passionnée de musique destinée à intégrer le conservatoire. Il est temps pour elle également de s’éloigner du giron de son pygmallion, et d’exister enfin seule, par elle-même. Cette difficile et pénible éclosion est le principal intérêt de ce très beau film, sensible, qui rend la part belle aux émotions, point de départ de l’envie de cinéma de Naoko Yamada, et sans doute du notre.

Ce sentiment culmine dans la longue scène finale qui démontre que loin d’être la fin de leur amitié, c’est peut être le commencement de quelque chose d’autre pour les deux musiciennes. Affranchies de la dépendance trop polarisée des années passées, elles sont désormais libres toutes deux de se découvrir à nouveau, avec un regard neuf et différent, en toute égalité. Naoko Yamada excelle dans les portraits de personnages introvertis, comme c’était le cas avec la délicate et troublante Nishimiya, lycéenne atteinte de surdité profonde de A silent voice. Elle sait à merveille mettre en valeur les qualités et les forces de ce type d’être humain, et les faire rayonner, contaminant de leur bienveillance tout leur entourage.

Liz et l’oiseau bleu est un film qui mérite une grande attention, il faut savoir regarder et écouter, que ce soit la très belle musique jouée, mais aussi les jeunes femmes affrontant un moment crucial de leur développement personnel. Si dans cette histoire toute le monde semble bon et positif, l’affirmation de soi et la confiance qui naît de ces situations n’en dépeint pas moins un passage douloureux et compliqué pour un adolescent, magnifiquement mis en images par l’équipe de Naoko Yamada. Véritable hymne à l’amitié et à la vie, Liz et l’oiseau bleu impressionne par sa concision et son application à faire vibrer ce qu’il y a de plus intime dans l’amitié la plus belle et la plus profonde.



La bande-annonce

Au cinéma le 17 avril




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