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LIMBO

Sur une petite île de pêcheurs en Écosse, un groupe de demandeurs d’asile attend de connaitre son sort. Face à des habitants loufoques et des situations ubuesques, chacun s’accroche à la promesse d’une vie meilleure. Parmi eux se trouve Omar, un jeune musicien syrien, qui transporte où qu’il aille l’instrument légué par son grand-père.

Critique du film

Son récit de la (sur)vie d’un groupe de sans-papiers en attente sur une petite île de pêcheurs avait suscité l’enthousiasme du jury et du public lors de sa présentation au 32e Festival du Film Britannique de Dinard à l’automne dernier. En plein contexte de guerre en Ukraine et d’élection présidentielle, où les migrants ont été continuellement montrés du doigt, sa sortie en salle en ce printemps 2022 apporte une nouvelle résonance au propos du scénariste-réalisateur Ben Sharrock, qui souhaitait mettre en lumière le sort des réfugiés, portant un regard humain et absurde sur ces destins ordinaires englués dans les politiques internationales.

C’est ainsi que Limbo se concentre sur l’expérience d’un homme syrien en attente. Largement diabolisés par les médias conservateurs et les partis politiques fascistes et fascisants, les migrants – et notamment ceux venus de Syrie, pays qu’ils ont fui pour éviter l’étau meurtrier entre les bombardements du régime d’El Assad et ceux de Daesh – semblent systématiquement réduits à un statut de dangereux envahisseurs. Cette résurgence de la haine raciale, nourrie par des personnes comme Trump outre-Atlantique, Le Pen et Zemmour chez nous, et une frange de la population britannique plutôt pro-Brexit. », est traitée avec un certain décalage par Ben Sharrock, qui s’efforce de rendre son histoire chaleureuse, drôle et accessible, rappelant que l’exil n’est presque jamais un choix.

C’est certainement ce qui a convaincu les jurés de Dinard de lui attribuer le Hitchcock d’Or, Bérénice Bejo saluant le point de vue et le parti pris de Limbo, qui remet en avant ces invisibilisés que l’on aimerait garder loin des yeux pour détourner le regard en ayant la conscience tranquille. On regrettera toutefois le manque de rythme de Limbo, qui suit l’attente interminable de ces réfugiés, et nous perd régulièrement en route du fait d’une narration un peu incertaine, qui privilégie quelques sketchs absurdes aux dépens d’une dramaturgie plus travaillée, ne nous rattrapant que ponctuellement par la main grâce à son humour et quelques scènes amusantes ou touchantes.

Bande-annonce

4 mai 2022 – De Ben Sharrock, avec Amir El-MasryVikash BhaiOla Orebiyi, Sidse Babett Knudsen




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