featured_les-mitchell-contre-les-machines

LES MITCHELL CONTRE LES MACHINES

Katie Mitchell, jeune fille passionnée à la créativité débordante, est acceptée dans l’université de ses rêves. Alors qu’elle avait prévu de prendre l’avion pour s’installer à l’université, son père Rick, grand amoureux de la nature, décide que toute la famille devrait l’accompagner en voiture pour faire un road- trip mémorable et profiter d’un moment tous ensemble. Linda, mère excessivement positive, Aaron, petit frère excentrique, et Monchi, carlin délicieusement joufflu, se joignent à Katie et Rick pour un ultime voyage en famille. Mais le programme des Mitchell est soudainement interrompu par une rébellion technologique : partout dans le monde, les appareils électroniques tant appréciés de tous – des téléphones aux appareils électroménagers, en passant par des robots personnels innovants – décident qu’il est temps de prendre le contrôle. Avec l’aide de deux robots dysfonctionnels, les Mitchell vont devoir surmonter leurs problèmes et travailler ensemble pour s’en sortir et sauver le monde !

CRITIQUE DU FILM

Que reste-t-il du travail de Phil Lord et Chris Miller ? A nouveau producteur pour Sony Pictures Animation, le duo soutient cette année Les Mitchell contre les Machines de Michael Rianda et Jeff Rowe. Même si les longs métrages d’animation qu’ils ont pu réaliser (Tempête de boulettes géantes) ou co-écrire (Spider-Man New Generation) révèlent une volonté de contre-courant post-moderne au photoréalisme ambiant, force est de constater que leur système connaît aussi une forte érosion.

Contaminé dès le logo du studio Columbia, Les Mitchell contre les Machines s’inscrit pleinement dans la mode des phénomènes viraux d’Internet, ici effets post-modernes qui vont parcourir tout le métrage. Ces derniers existent dans la diégèse (les ados sont souvent sur leur téléphone et communiquent via ces images) mais parasitent de manière immédiate le dispositif. En effet, le mème est le vecteur narratif (quoique cousu de fil blanc) et scénique qui alimente l’intégralité du long-métrage : il n’est pas rare de voir des plans construits à la manière d’un photomontage humoristique – le chien Monchi est souvent placé en arrière-plan des cadres dans le but simple de faire rire – ; voire des arrêts sur images avec incrustations délirantes animées sursignifiant la présence de ces détails amusants à l’écran. 

CLUB INTERNET

Toutefois, le souci du film est de ne se servir du mème que comme une finalité humoristique ou strictement narrative, et non pour ce qu’il est par essence, à savoir un outil politique anarchique. La politique ici n’est pas de traiter de l’actualité internationale brûlante mais d’initier un contre-pouvoir viral qui dessine des cercles sociaux plus abstraits, reliés par l’unique compréhension des mêmes signes d’un mème. Quant à l’anarchie, elle passe par l’absence de structure précise, de récit « fermé ». C’est un mouvement large qui revêt une infinité de formes dépassant régulièrement ses propres créateurs. 

Le problème des Mitchell contre les Machines est de ne pas s’en rendre compte et d’être obnubilé par ce phénomène de la Toile uniquement comme un vecteur cinématographique jalonné et non d’en explorer sa véritable force, en faire un dispositif qui échappe au contrôle des créateurs. Même ce qui semble parfois s’éloigner du récit pour laisser croire à une fuite est en réalité un moyen structurel qui révèle des indices ou chapitre le long-métrage. Il y a bien çà et là quelques thématiques liées à ce sujet esquissées par le traitement formel, mais elles sont si minimes qu’elles paraissent être simplement décoratives, comme une idée peu étayée que les réalisateurs repoussent pour faire illusion. 

C’est pourtant dommage : le programme annoncé dans l’introduction du film interroge malgré tout le rapport à la création, le champ infini de l’animation et la démocratisation de l’art par l’intermédiaire du net. Mais cette introduction est aussi le bourreau du récit, puisque en grillant toutes ses cartouches dès le départ, le reste patine dans une répétition et une surenchère épuisante.  Ce manque de substance politique se ressent par l’intermédiaire d’un récit garni de lieux communs, balisé par des checkpoints lassants, où le temps et les enjeux s’arrêtent pour réexpliquer les liens distendus entre les membres de la famille Mitchell.

Un film bien lisse où les valeurs familiales « classiques » restent le centre névralgique du film, piégé par ses arcs convenus qu’il n’arrive plus à sauver au bout d’une demi-heure. Alors oui, c’est vrai, certaines blagues peuvent prêter à sourire, mais est-ce bien suffisant pour soutenir les 113 minutes que contiennent le projet ?

BANDE-ANNONCE

30 avril 2021 (Netflix) – Réalisé par Michael Rianda et Jeff Rowe




%d blogueurs aiment cette page :