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LES MEILLEURES

Sur un mur de mon quartier, on a tagué : Le premier qui tombe amoureux a perdu. C’est vrai. Parce qu’après, tout le monde parle sur toi et t’es à la merci. J’ai perdu. Je suis amoureuse d’une fille, je ne sais pas quoi faire…

Critique du film

C’est à l’époque de la loi du Mariage pour tous que Marion Dessseigne-Ravel a l’idée du film Les meilleures, alors qu’elle travaille dans une association du quartier Barbès à Paris. Prise à partie sur la question de l’homosexualité par quelques adolescent.e.s du quartier, elle ouvre le dialogue avec elleux et se retrouve particulièrement secouée par cet échange. La genèse d’une romance entre deux jeunes femmes maghrébines d’un quartier populaire germe à ce moment et la conduit à explorer ce qu’elle considère comme un angle mort du cinéma français.

C’est l’été à Paris, le temps des vacances, le temps de l’amour, le temps des copines… Nedjma et sa bande de copines profitent de cette période sans école pour faire les quatre-cents coups toutes les quatre. Lorsque Zina emménage dans l’appartement voisin, les habitudes sont bouleversées et les préjugés vont bon train. Cette nouvelle n’a pourtant rien fait de mal, Nedjma s’en méfie : la jeune femme ne connaît pas les règles du quartier. Dans cette banlieue francilienne, tout le monde se connait mais des clans existent, avec des règles et ce qui s’apparente à des territoires. Quand Nedjma apprend que Zina n’est autre que la cousine de la leader de leur bande rivale, Nedjma se voit contrainte, par principe, de la stigmatiser et de la maltraiter comme le font ses copines.

Jeunes filles en feu

Pourtant, derrière ce rejet de façade, Nedjma est intriguée par cette jeune femme discrète et fascinante. Lorsqu’elles franchissent le pas, c’est une double vie qu’elles doivent alors mener, entre le square où se jouent les rivalités et ce toit où leur histoire d’amour devient possible, à l’abri des regards. Ses désirs soulèvent des conflits identitaires chez Nedjma à un âge où l’on se construit, entre adéquation et opposition aux valeurs de nos proches, famille et ami.e.s. Comment peut-elle assumer au grand jour son attirance pour une femme, qui plus est d’une bande rivale ?

Parfois maladroit dans ce qu’il raconte de la vie dans les quartiers populaires – et cette peinture trop souvent péjorative -, Les meilleures illustre en revanche très bien la pression du groupe sur l’individu, l’enfermant parfois dans des choix impossibles, et le thème du rejet de l’homosexualité, mais aussi de cette présomption d’hétérosexualité qui véhicule une pression implicite éprouvante pour une jeune femme découvrant sa sexualité. La belle alchimie entre Lina El Arabi et Esther Bernet-Rollande apporte ce supplément d’émotion, entre pudeur et douceur, dans cette fiction qui revendique sa vitalité pop et sa tendresse.

Bande-annonce




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