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LES FEUX DE LA RAMPE

Londres, 1914, un clown vieillissant et tombé dans l’oubli, Calvero, sauve une jeune ballerine du suicide. Il aide la jeune femme, Terry, à recouvrer la santé et à reprendre espoir. Et Calvero va connaître par la même occasion un retour sur une scène de music hall.

La force de vie

Réalisé en 1952, Les feux de la rampe est le dernier film américain de Charlie Chaplin, alors qu’il connaît une situation très troublée. Il est vilipendé dans la presse pour ses prises de positions progressistes et sa critique virulente de la société et du capitalisme, développée dans Monsieur Verdoux (1947). Nous sommes alors en pleine chasse aux sorcières, orchestrée par le sénateur Joseph McCarthy. Chaplin a également à cette époque fait l’objet d’un procès en reconnaissance de paternité. C’est dans ce contexte très compliqué que Chaplin choisit de réaliser ce film à résonance autobiographique.

Le choix de sa ville natale, Londres, du milieu du music hall dont il est issu, qui était celui de ses parents et l’évocation de la misère, de difficultés terribles que sa famille a connues, tout laisse à penser que Chaplin ressent le besoin de se tourner vers son passé, ses origines à cette période tourmentée de sa vie. Le personnage de Terry a d’ailleurs été inspiré par plusieurs femmes importantes dans la vie du cinéaste, dont sa propre mère et sa première épouse.

La noblesse des altruistes

Le film est à la fois beau et cruel. Beau, dans sa description d’êtres altruistes, aux sentiments nobles, purs. Cruel quand il dépeint la vieillesse, la, perte des illusions et le monde du spectacle.

Calvero est un homme qui en aidant Terry, va retrouver de l’énergie et de l’optimisme pour lui-même également. Avant de sauver Terry, il végétait et l’urgence de la situation va être un moteur pour aider l’autre mais aussi pour retrouver un sursaut de vitalité, d’espoir et de dignité. Comme une claque qui réveille ou stimule. Comme celle que le clown donnera à Terry quand celle-ci est prise d’un trac paralysant avant d’entrer en scène. Car ce que ressent Calvero pour Terry n’est pas une pitié condescendante et mortifère mais une compassion énergique et exigeante. Il ne faut pas hésiter à bousculer l’autre pour le faire réagir ou lui faire prendre conscience de sa chance ou de son talent.

Les feux de la rampe
La force de vie, l’importance de garder espoir et l’appétit de vivre, malgré les épreuves forment un thème central dans le film. Il y aussi l’idée qu’on peut puiser sa force en aidant l’autre. En convainquant l’autre que la vie vaut la peine d’être vécue, on s’en persuade soi-même également. Et ce, malgré les coups du sort et la noirceur des situations.

Calvero pense toujours à protéger, à préserver l’autre, que ce soit Terry ou son public qu’il ne veut pas inquiéter ; quitte à s’arranger avec la vérité des situations. 

Film testament

Le film met en scène, à travers les personnages de Calvero et de Terry, deux êtres blessés mais qui savent malgré leurs souffrances, ou grâce à elles, la valeur des sentiments, de l’amour véritable. Il permit également de réunir pour la première fois à l’écran, lors d’une scène drôle et émouvante, deux grandes légendes du cinéma : Chaplin et Buster Keaton. Ce dernier était alors sur le déclin et celui que beaucoup considéraient comme son rival l’a ainsi invité à partager cette séquence savoureuse. 

À la fois hommage au music hall, évocation désenchantée du déclin et grand mélodrame, Les feux de la rampe ne fut pas le dernier film de Chaplin, malgré ce qu’il croyait à l‘époque, mais c’est sûrement en quelque sorte son film testament, celui où il se livre le plus, tant par l’aspect autobiographique que par sa vision de la vie et des combats à mener. Une sorte de lettre d’adieu d’une grande richesse émotionnelle. 


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