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LES ESPIONS

Un homme s’acharne à capturer le chef d’une organisation d’espionnage.

Critique du film

Tourné en 1928, peu de temps après Metropolis qui avait laissé son réalisateur profondément insatisfait, Les Espions est né dans l’esprit de Fritz Lang avec plusieurs objectifs. Tout d’abord, il souhaite pouvoir faire son film en toute indépendance et que celui-ci soit représentatif de son temps. Pour ce faire, il monte sa propre société de production, car il a le profond désir de faire montre de toute sa virtuosité, que ce soit dans la narration, sa vision esthétique et également sa capacité à maîtriser son budget.

Le scénario a été inspiré au départ par l’affaire Alfred Redl, colonel de l’armée austro-hongroise pris dans une affaire d’espionnage qui provoqua un scandale et l’entraîna à sa perte, sa hiérarchie le condamnant à un suicide forcé. Cette histoire survenue en 1913 fit même l’objet d’un film, Colonel Redl d’Istvan Szabo, avec Klaus-Maria Brandauer. Mais ce qui constitue la nature profonde de ce long métrage muet de deux heures et demie, ce sont les serials, les feuilletons avec histoires rocambolesques, rebondissements, rythme trépidant et personnages tour à tour pittoresques, grotesques, ou effrayants.

L’agent 326 se trouve chargé d’une mission de la plus haute importance :  retrouver des documents secrets qui ont été volés, sûrement dérobés par une organisation d’espions internationaux, derrière laquelle on trouve Haghi. Pour contrer l’espion, on lui envoie Sonia – après l’avoir fait chanter – mais les deux jeunes aventuriers ne tardent pas à s’éprendre l’un de l’autre. 

Les espions Fritz Lang

Ici, le réalisme n’est pas de mise. Seuls comptent un tempo qui va crescendo, des scènes magistralement mises en scène, de l’action et des frissons. On y trouve une femme fatale, des espions qui n’ont rien d’héroïque et sont parfois ridicules – au point qu’un de ceux-ci se lamente à la vision de caricatures qui ont été dessinées pour les représenter. Cette vision très peu glamour ou reluisante a peut-être influencé plus tard John Huston pour La Lettre du Kremlin. Ce qui est sûr c’est que l’héritage de ce film a officiellement beaucoup profité à Alfred Hitchcock, notamment pour Les Trente-neuf marches, autre grand film d’espionnage. 

Comme souvent chez Fritz Lang, on appréciera la remarquable beauté plastique de ce film, dont chaque angle, chaque plan prouve le talent exceptionnel et l’intelligence créatrice de ce cinéaste. Une grande inventivité visuelle traverse cette histoire sans temps morts ni longueurs, prouvant qu’un film muet (près de cent ans après sa genèse) peut encore tenir en haleine ses spectateurs. La magie du muet est intacte !


Les Espions sort le 7 février en Combo Blu-Ray / DVD dans une version restaurée qui rend justice à la splendeur visuelle de cette œuvre, éditée par Potemkine et enrichie de plusieurs suppléments dont un entretien passionnant avec Bernard Eisenschitz et un documentaire. 

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