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LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES CRIMES DE GRINDELWALD

Quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s’évade comme il l’avait promis et de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l’origine d’attaque d’humains normaux par des sorciers et seul celui qu’il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l’arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. L’aventure qui les attend réunit Norbert avec Tina, Queenie et Jacob, mais cette mission va également tester la loyauté de chacun face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais.

Paris est magique.

Suite des Animaux fantastiques sorti en 2016, Les crimes de Grindelwald poursuit la saga spin-off de Harry Potter avec, à nouveau, le réalisateur David Yates et l’écrivaine J. K. Rowling à la barre, et reprend exactement là où elle s’était arrêté le film précédent, à New York, après l’arrestation de Grindelwald. Mais sa captivité ne s’éternise pas et le voilà de nouveau dans la nature, prêt à répandre la terreur autour de lui, chez les sorciers comme les Moldus. Et pour mobiliser son armée de militants magiques, direction la plus belle ville du monde, Paris.

Après avoir glané plus de 800 millions de dollars de recettes dans le monde avec un budget (finalement assez réduit) de 180 millions, la Warner Bros n’a pas renié Johnny Depp dans le rôle de Gellert Grindelwald, malgré de vrais problèmes autour de sa personne et une carrière en plein déclin. Pour lui faire face, un jeune Albus Dumbledore, campé par Jude Law, et bien sûr la figure héroïque choisie pour Les Animaux fantastiques, Norbert Dragonneau, incarné à nouveau par le sympathique mais un peu cabotin Eddie Redmayne.

Précédemment dans nos lignes, on s’interrogeait sur la pertinence de porter à l’écran un bouquin minuscule et d’en faire le premier jalon d’une nouvelle franchise. Ragaillardie par le vrai succès public du 1er volet, Rowling a donné suite à ces aventures improvisées qui avaient (au moins) le mérite de nous dispenser de l’écueil du fan-service tout en replongeant des millions de fans dans l’univers magique qui l’a rendue célèbre. Ce deuxième chapitre parvient-il à réparer les erreurs de son prédécesseur, en offrant davantage d’ampleur à son intrigue et en donnant plus de chair à sa galerie de personnages ?

Zoe Kravitz, valeur ajoutée des Animaux Fantastiques
En cherchant à placer ce nouvel opus au coeur de thématiques actuelles (le commerce de la peur et la persécution de l’altérité) et en adressant un tacle déguisé à certains dirigeants du monde réel, J. K. Rowling a peut-être enfin apporté un semblant de légitimité à sa nouvelle saga, l’un des grands atouts d’Harry Potter étant son sous-texte politique rappelant les heures les plus sombres de notre Histoire.

Malheureusement, d’un point de vue narratif, c’est le cafouillage. Même en étant très familier de l’univers Potter, en cherchant à (enfin!) développer le passif de ses nouveaux protagonistes, ce deuxième volet déroute par la quantité d’arcs qu’il ouvre pour préparer le terrain. Le fardeau des deuxièmes épisodes, diront certains, mais il ne paraît pas injuste d’affirmer qu’à force de mystères et de mises à jour de l’encyclopédie potterienne, il devient difficile de s’y retrouver dans ce dédale d’arbres généalogiques et de sous-entendus prophétiques. Pire, devenue scénariste par la chose des choses, Rowling montre ses limites dans l’écriture cinématographique, confinant certains comédiens dans des costumes trop cintrés par le matériau et contraignant son réalisateur – plutôt dégourdi du 5e volet d’Harry Potter au dernier – à suivre un canevas trop rigide du fait du nouveau statut de l’auteure.

Ainsi, cet Animaux fantastiques 2.0 ressemble à s’y méprendre à la version bêta d’un logiciel, intégrant une avalanche de nouvelles options et données, avant le lancement en grande pompe de sa version complète en 2020. Problème, à trop vouloir tirer sur la corde, les utilisateurs deviennent moins dupes et, face à la qualité toute relative du matériau, ils n’auront pas forcément envie de poursuivre l’aventure.

Johnny Depp dans Les crimes de Grindelwald

Le Bad blesse

Tout aussi fâcheux, au cœur de cette franchise dérivée est supposé régner un fantastique antagoniste, le « Bad » guy. Mais Depp ne semble avoir ni le charisme, ni l’énergie ou la conviction nécessaires au rôle de ce mage extrémiste. Derrière sa tonne de maquillage, il paraît bien à la peine lorsqu’il s’agit d’offrir l’ampleur indispensable au leader populiste qu’il incarne et se doit d’avoir en lui ce magnétisme faisant lever les foules autour de son manifeste suprémaciste.

Quelques ajouts réussis (Leta Lestrange notamment) et un probant Dumbledore dans la fleur de l’âge ne parviennent pas à maintenir l’intérêt durablement dans ce second volume n’existant que pour repousser les frontières du Potterverse et préparer le gigantesque affrontement de deux puissants sorciers – dans lequel le personnage principal devra se contenter d’un rôle secondaire. De nouvelles questions ont, c’est vrai, été soulevées, mais rien ne peut garantir que ce sera suffisant pour tenir la longueur et définitivement conquérir les sceptiques comme les fans.

La fiche
Les crimes de Grindelwald affiche

LES ANIMAUX FANTASTIQUES : LES CRIMES DE GRINDELWALD
Réalisé par David Yates
Avec  Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Johnny Depp, Jude Law, Zoe Kravitz…
Etats-Unis – Fantastique, aventure

Sortie : 14 novembre 2018
Durée : 134 min




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