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LEAVE NO TRACE

Tom a 15 ans. Elle habite clandestinement avec son père dans la forêt qui borde Portland, Oregon. Limitant au maximum leurs contacts avec le monde moderne, ils forment une famille atypique et fusionnelle. Expulsés soudainement de leur refuge, les deux solitaires se voient offrir un toit, une scolarité et un travail. Alors que son père éprouve des difficultés à s’adapter, Tom découvre avec curiosité cette nouvelle vie. Le temps est-il venu pour elle de choisir entre l’amour filial et ce monde qui l’appelle ?

Ce que Debra Granik incorpore dans son récit pour créer l’émotion se fait avec une subtilité fabuleuse permettant d’éviter ce que d’autres, films et cinéastes, auraient probablement atteint en empruntant un itinéraire plus manipulateur afin d’arracher une larme au spectateur. Dans Leave no trace, il est impossible de prédire où l’histoire va porter Tom et son père, ni d’anticiper les raisons pour lesquelles Will a pris la décision d’aller vivre en forêt, à l’écart de la civilisation moderne.

Si le ton peut parfois s’assombrir, le film garde une sincérité et une générosité qui en font sa lumière (en témoignent les sublimes séquences autour de la ruche). Les personnes que rencontrent le père et sa fille font preuve de bienveillance, là où d’autres longs-métrages en auraient fait des antagonistes condescendants ou malveillants.

Thomasin Harcourt McKenzie dans Leave no trace

Dans la peau de ce père qui ne sera condamnable que parce qu’il embarque sa fille dans des périples sauvages rudes, Ben Foster est remarquable. Aimant et protecteur, il incarne parfaitement l’inquiétude et le sentiment d’urgence de ce père résolu à mettre la distance nécessaire entre lui et cette vie moderne et « normale » qu’il refuse. Mais la véritable révélation, c’est bel et bien Thomasin Harcourt McKenzie dans la peau de l’adolescente qui fait preuve de retenue dans les situations qu’elle subit et ne devient jamais cette ado rebelle et lunatique. Suivant le modèle de vie que lui a inculqué son père, capable de s’adapter aux différents environnements qu’elle traverse, elle fait preuve d’une sagesse et d’une maturité ébouriffantes. Après avoir révélé au monde Jennifer Lawrence dans Winter’s bone, Debra Granik pourrait bien mettre en lumière une autre comédienne montante.

Avec Leave no trace, Granik filme la marginalité et la quête d’un affranchissement illusoire avec grâce et fragilité. Magnifiquement écrite et portée par l’interprétation subtile de son épatante jeune comédienne, cette virée sauvage a autant de complexité que de coeur. Un joyau d’authenticité et d’humanisme.

La fiche

LEAVE NO TRACE
Réalisé par Debra Granik
Avec  Ben Foster, Thomasin McKenzie…
Etats-Unis – Drame

Sortie: 19 septembre 2018
Durée : 108 min
 




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