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LE TEMOIN À ABATTRE

Le commissaire Belli (Franco Nero) tente de lutter contre le trafic de drogue qui étend son emprise sur la ville de Gênes. Mais entre une hiérarchie incompétente et le poison de la corruption, son enquête vire au cauchemar.

La police accuse, la loi acquitte

Le volume 31 de la collection Make My Day de Jean-Baptiste Thoret met à l’honneur un poliziottesco, tourné en 1973, d’Enzo G. Castellari, réalisateur qui excella dans ce genre, mais aussi dans le western spaghetti ou le film de guerre, notamment avec Une poignée de salopards, qui inspira à Quentin Tarantino son Inglorious basterds. Le polizziotesco constitue un genre à part entière dans l’histoire du cinéma italien. Il s’agit de ces polars réalisés entre la fin des années 1960 et le début des années 1980. Films généralement très violents, dénonçant la corruption de l’Italie des années de plomb et l’incurie de la justice – le titre orignal du Témoin à abattre est La polizia incrimina, la egge assolve, ce qui signifie la police accuse, la loi acquitte. 

Comme le souligne Jean-Baptiste Thoret, les films de ce type se positionnent politiquement entre une gauche révulsée par l’inaction de la justice et la toute puissance de la maffia, d’une part et, d’autre part, une droite réactionnaire, populiste qui légitimerait le recours à la violence la plus expéditive pour mettre un terme aux exactions et trafics qui gangrènent le pays. Ainsi, le personnage interprété par Franco Nero, le policier Belli, ne supporte plus l’impuissance des institutions et frappe le premier quand il faut.

Film extrêmement pessimiste, préférant le réalisme cru à un happy end artificiel et peu crédible, Le Témoin à abattre frappe par sa violence assez exacerbée pour un film de cette époque.  Les maffieux font preuve de sadisme. On ne se contente pas d’éliminer un ennemi, il faut aussi lui faire passer un très mauvais quart d’heure.

Haute tension

Le Témoin à abattre rend compte d’une époque très dure où les clivages politiques se traduisaient par des affrontements d’une rare violence. La scène de l’usine en grève durant laquelle le personnage de Franco Nero vient traquer un assassin et se heurte à l’hostilité d’une foule qui l’invective est très représentative de cette tension. 

On notera parfois une certaine outrance typique du cinéma italien de cette époque dans la violence, mais aussi la façon dont sont dépeints certains protagonistes. Aux côtés de Franco Nero, on trouve James Whitmore dans un rôle de commissaire qui semble résigné et Fernando Rey qui deux ans plus tôt apparaissait déjà en maffieux chez William Friedkin dans French Connection.

Vision sans concession de la lutte désespérée contre le crime organisé, combat qui semble perdu d’avance tant les ramifications sont complexes et fleuron d’un genre que Jean-Baptiste Thoret a beaucoup contribué à faire connaître aux cinéphiles français, Le Témoin à abattre est disponible en combo Blu-Ray DVD depuis le 27 janvier chez StudioCanal.


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Suppléments : Préface de Jean-Baptiste Thoret : 11 minutes / L’Italie à bout portant : Analyse de Jean-Baptiste Thoret



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