featured_le-salon-de-musique

LE SALON DE MUSIQUE

Le Bengale dans les années 1920. Biswanbhar Roy, aristocrate et grand propriétaire terrien a passé l’essentiel de sa vie à assouvir sa passion pour les fêtes musicales, les concerts donnés dans le salon de musique de son palais, devant un public d’amis, par des musiciens, des chanteurs, des danseuses. Cette passion l’a ruiné alors que dans le même temps son voisin Mihim Ganguli, bourgeois et nouveau riche, prospérait…

Critique du film

Réalisé en 1958 et quatrième film de Satyajit Ray, Le Salon de musique est l’une des oeuvres les plus connues et les plus estimées du réalisateur. Il s’agit du portrait d’un homme passionné par la musique, presque intoxiqué par sa passion. Cet engouement pour la danse, le chant et la musique se double d’une passion de l’âme, celle de la jalousie, mais aussi celle de l’orgueil démesuré. Biswanbhar Roy organise des fêtes somptueuses dans son palais, c’est un aristocrate fier de ses origines et qui méprise son voisin Mihim Ganguli, qu’il considère comme un vulgaire parvenu. Roy n’aime rien tant que la danse et la musique, mais aussi le faste des fêtes qu’il organise, quitte à vendre les bijoux de famille contenus dans le coffre qui se vide petit à petit. 

Le voisin, Mihim Ganguli, possède une maison plus moderne, un groupe électrogène. Lorsqu’il vient inviter Biswanbhar Roy à une fête qu’il pense organiser pour le nouvel an, il lui est opposé un refus de circonstance, poli, mais sans plus. L’aristocrate organisera lui aussi une fête et forcément plus somptueuse dans son palais. Lutte des classes donc, et profond mépris de la caste élevée pour le roturier qui se considère lui-même comme un self made man

Le salon de musique

Le Salon de musique allie la grandeur des moments musicaux, d’une grande beauté, qui donnent au long-métrage de Satyajit Ray un aspect lancinant et envoûtant, à un autre versant du film plus vénéneux. En effet, la notion de perte et de décrépitude est récurrente dans ce long-métrage. Biswanbhar Roy tire sur son houka – sorte de narguilé indien – comme un toxicomane. Il semble totalement alangui en permanence lorsqu’il écoute la musique en fumant. Et lorsqu’il s’endort en parlant à sa femme, il parait drogué, dans un état second occasionné peut-être moins par la fatigue que par sa passion dévorante et qui pourrait s’avérer funeste. Des signes lors d’une des fêtes seraient-ils prophétiques et inquiétants ? Ils préoccupent notre homme qui remarque un insecte qui se noie dans son verre de thé, l’orage perturbe la fête par ses éclairs et la foudre fait trembler le lustre au faste si éphémère. Et même après une tragédie personnelle qui pourrait l’avoir détruit, Biswanbhar qui croyait pouvoir renoncer totalement à la musique, se retrouve finalement le jouet de ses passions. 

Plastiquement très réussi, parsemé de scènes musicales fortes et très belle méditation sur la vie, l’art et les passions Le Salon de musique ressort le 25 janvier dans une version restaurée et distribuée par Les Acacias.

Bande-annonce

25 janvier 2023 (ressortie) – De Satyajit Ray, avec Chhabi BiswasGanda Pada Basu




%d blogueurs aiment cette page :