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LE PIÈGE DE HUDA

Reem, une jeune mère mariée se rend au salon de coiffure de Huda à Bethléem, en Palestine. Après avoir mis Reem dans une situation déshonorante, Huda la fait chanter et la contraint à donner des renseignements aux services secrets israéliens, et ainsi à trahir son peuple.  Dans la nuit, Huda est arrêtée par Hasan, membre de la résistance…mettant en danger la vie de Reemet de sa famille.

Critique du film

Nouveau film du réalisateur Hany Abu-Assad (Le chanteur de Gaza, Paradise now) après son excursion hollywoodienne La montagne entre nous, Le piège de Huda commence apparemment assez paisiblement. Une jeune femme de Bethleem, Reem, vient se faire coiffer chez Huda, qui possède son propre salon. Comme souvent dans ce genre de situation, la discussion s’amorce sur des sujets de tous les jours : les réseaux sociaux, la mode, les problèmes du quotidien. Puis, la situation dérape. Reem se retrouve prise dans un piège machiavélique et en proie à un chantage. 

Comme on a appris que sa situation conjugale s’avérait très compliquée – son mari la soupçonne à tort de lui être infidèle – on comprend très vite que Reem ne pourra compter sur personne pour l’aider à se sortir de ce guêpier. Et c’est ce qui fait l’une des forces de ce film, court, sans temps morts et dénué de musique hormis celles des génériques de début et de fin. Son aspect désespéré et oppressant le range en partie dans le genre du thriller avec machination avec un personnage isolé et confronté à un ennemi en partie invisible et tentaculaire. Cette solitude de Reem renvoie à une profonde angoisse existentielle concernant l’illusion de la solidarité ou de la justice dans un monde en guerre où toutes les manœuvres sont permises pour remporter la victoire. 

Des deux côtés, qu’il s’agisse des services secrets israéliens ou de la rébellion palestinienne, les méthodes ne semblent guère différer. Cruauté extrême dans la manipulation, torture et exécutions sordides sont le quotidien d’hommes dont on ne sait plus s’ils se battent pour une cause ou en réaction à leurs propres manquements, leurs propres défaillances. 

Le piège de Huda

Mais cette trame d’espionnage n’est pas la seule facette de ce long-métrage. Le piège de Huda évoque bien sûr la situation palestinienne, mais il est aussi beaucoup question de la place de la femme dans les pays du Proche Orient. Confrontée à une société patriarcale à l’extrême, devant se justifier à chaque instant et subir l’humour déplacé de son mari ou les critiques de sa belle-mère, Reem finit par se révolter lors d’un repas familial, durant lequel le sexisme ne connaît aucune limite. Où l’on trouve normal d’insulter sa femme, sous le prétexte fallacieux de faire de l’humour. 

Le piège de Huda doit beaucoup à la qualité de l’interprétation de Maisa Abd Elhadi, très intense dans le rôle de Reem. Ce personnage qui se retrouve le jouet d’une machination mais aussi victime d’une société et d’un environnement familial qui a fait d’elle la proie parfaite, car isolée, méprisée et niée dans son humanité et sa dignité. Ali Suliman et Manal Awad livrent de belles compositions également avec leurs rôles d’agents dont les éclairs de clémence dans un tel marasme font apparaître certaines failles ou signes de vulnérabilité comme une forme de résistance là-aussi. Résistance devant l’indicible horreur de la guerre sans fin et de la haine de l’autre.

Bande-annonce

1er février 2023 – De Hany Abu-Assad, avec Maisa Abd ElhadiManal AwadAli Suliman




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