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LE JOUR DU DAUPHIN

Alors qu’il est sur le point de trouver un moyen de communiquer avec les dauphins, un biologiste ne soupçonne pas que sa découverte puisse être détournée à d’autres fins…

Un été avec Mike Nichols

Moins connu que son film précédent, inédit en salles depuis plusieurs décennies mais édité cette année dans la collection Make my day de Studiocanal, Le Jour du dauphin est une vraie curiosité dans la filmographie de Mike Nichols. Le réalisateur délaisse ici un temps les problèmes de communication du couple pour se concentrer sur ceux inhérents à la relation homme/animal. À l’instar d’Orca (1977) qui bénéficiait d’une très belle BO d’Ennio Morricone, ce film est soutenu en grande partie par la magnifique musique composée par Georges Delerue. Les deux films ont en commun un discours pro-animaliste incriminant l’homme dans sa tentative d’exploiter l’animal, tentative qui, dans les deux cas, aboutit à un échec.

Un animal doué de raison

Sur un scénario de Buck Henry inspiré du roman de Robert Merle, Un animal doué de raison, Le Jour du dauphin décrit le travail d’un scientifique nommé Jake (George C. Scott) qui cherche à apprendre à un dauphin nommé Fa (pour Alpha) le langage humain. Une relation très forte s’établit entre eux – l’animal l’appelle « pa » pour papa – et quand, pour le soulager de sa captivité, il lui présente un dauphin femelle, Fa régresse à son langage naturel avant d’apprendre l’anglais à sa compagne aussi. À cette trame animaliste, on pourrait même dire écologique, s’adjoint un thriller incarné par la figure d’un agent secret du gouvernement (Paul Sorvino) qui s’introduit dans le centre d’étude de Jake dans le but d’utiliser ces animaux à des fins politiques et pour le moins violentes.

Initialement prévu pour Roman Polanski chez United Artists en 1969 – le réalisateur franco-polonais abandonna le projet suite au meurtre de sa femme Sharon Tate – le film a failli être réalisé par Franklin J. Schaffner (La Planète des singes) avant d’être attribué à Nichols. Échec en salle et accueil mitigé de la critique ont plongé Le Jour du dauphin dans un oubli bien immérité. Si les différents fils narratifs (aventures, science-fiction, politique-fiction) ne se marient pas toujours bien, il n’en reste pas moins qu’il s’inscrit parfaitement dans la veine des films de complots à l’intérieur du gouvernement qui occupaient les écrans et les esprits à l’époque, comme Executive Action (1973), À cause d’un assassinat (1974) ou Conversation secrète (1974). De par ses caractéristiques (il est doté du sonar le plus sophistiqué du monde), le dauphin a depuis longtemps été utilisé par l’homme, notamment pendant la Deuxième guerre mondiale, ou pendant la Guerre froide.

Le film touche surtout par l’interprétation de Scott et sa relation très émouvante avec les dauphins. La musique de Delerue restitue parfaitement la tristesse de cette relation brisée et vouée à l’échec.

CONSTAT D’ÉCHEC

Au final, ces deux films de Mike Nichols qui ressortent en salle (Le jour du dauphin et Ce plaisir qu’on dit charnel) aboutissent à un même constat : l’homme se croit supérieur à l’être supposément faible (la femme, l’animal) qui par son humanité se révèle au contraire bien plus fort. Toute tentative de communication sur la durée est forcément biaisée et vouée à l’échec. L’homme est loin d’avoir fini sa remise en question pour trouver sa juste place.

Bande-annonce

20 juillet 2022 (ressortie) – De Mike Nichols, avec George C. ScottTrish Van DeverePaul Sorvino


Lire aussi : Ce plaisir qu’on dit charnel, autre film de Mike Nichols qui ressort en salle ce 20 juillet 2022



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