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LE DAIM

La fiche

Réalisé par Quentin Dupieux  – Avec Jean Dujardin, Adèle Haenel…
France – Comédie – Sortie : 19 juin 2019 – Durée : 77 mn

Synopsis : Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.

La critique du film

« Georges, 44 ans, et son blouson 100% daim ont un projet ». La note d’intention du Daim, nouveau film de Quentin Dupieux, n’est pas sans rappeler celle de Rubber. D’un côté, le pneu tueur, de l’autre un blouson maudit : deux films qui témoignent d’une fétichisation des objets du quotidien pour en faire de véritables personnages de cinéma. Si son précédent film Au Poste ! rendait hommage aux comédies françaises des années 70, Le Daim s’imprègne davantage du thriller et parodie la figure du tueur en série.

Inquiétante étrangeté

Ce qui frappe immédiatement avec Le Daim, c’est son côté premier degré. On le sait, la force du cinéma de Quentin Dupieux réside dans son comique de situation : les personnages sont pris au piège d’une fiction qu’ils ne comprennent pas eux-même. Et si Dupieux s’était aventuré avec Au Poste ! dans un comique de mots plus “réaliste” (toujours relatif dans son cinéma), Le Daim s’inscrit définitivement dans un univers ancré dans la réalité. L’absurdité provient du postulat de départ : Georges achète un blouson en daim, et fait des films avec sa caméra, dans un village paumé au milieu des montagnes. L’image est plus terne, parfois granuleuse et le ton est résolument plus inquiétant.

Le Daim repose sur l’alchimie lunaire de Jean Dujardin et Adèle Haenel, dont le côté un peu gauche les place hors des normes sociales. Le film se focalise avant tout sur le personnage de Georges et creuse lentement son obsession malsaine, qui éclate dans un bain de sang grotesque. Si le film est étonnamment silencieux, il est ponctué du même thème musical qui rejaillit sans cesse et qui contribue à un certain malaise. Le Daim filme frontalement la folie de son personnage, entre rire et malaise, et se place pas loin de Lanthimos, en faisant émerger l’étrange dans ses personnages.  

Jean Dujardin et Adèle Haenel
Si dans Rubber l’absurdité provient de l’anthropormorphisme d’un pneu, ou si dans Réalité le montage transforme le réel en rêve, Le Daim ne possède ni objet invraisemblable, ni rupture avec le réel. Le blouson en daim parle dans la tête de Georges et témoigne d’une dissociation de sa personnalité, qui le pousse à devenir un tueur en série. L’intégralité du métrage repose sur la performance de Jean Dujardin, obsédé par son image, et duquel émane un sérieux déstabilisant.

Les films de Quentin Dupieux sont remplis de références métafictionnels au cinéma, et son dernier n’échappe pas à la règle. Le Daim pousse la mise en abîme plus loin : Georges filme des séquences au hasard auxquelles il sera question d’apporter un sens, à travers le montage, pour en faire du cinéma. Dupieux dira de lui-même que Dujardin incarne un avatar à barbe. Peut-être parce que seuls des esprits fêlés peuvent faire du cinéma à partir de rien. Et s’il est difficile de parler du Daim sans trop en révéler, on pourra en retenir une chose : Dupieux conserve son style de malade.



La bande-annonce

Ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs // Au cinéma le 19 juin




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