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LE CHATEAU DE VERRE

Inégal

Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine à New-York, a tout pour réussir et personne ne peut imaginer quelle fut son enfance. Elevée par un père charismatique, inventeur loufoque qui promet à ses enfants de leur construire un château de verre mais qui reste hanté par ses propres démons, et une mère artiste fantasque et irresponsable, elle a dû, depuis son plus jeune âge, prendre en charge ses frères et sœurs pour permettre à sa famille dysfonctionnelle de ne pas se perdre totalement. Sillonnant le pays, poursuivis par les créanciers, et refusant de scolariser leurs enfants, les Walls ont tout de même vécu une vie empreinte de poésie et de rêve, qui a laissé des marques indélébiles mais qui a créé des liens impossibles à renier.

Rose-Mary et Max.

Basé sur les mémoires de Jeannette Walls, Le château de verre raconte l’enfance peu ordinaire de cette journaliste américaine qui aura eu besoin de l’écrit pour tourner la page d’un début de vie tourmenté, lié à des parents abusifs. Si l’on reprochera l’artificialité de certaines séquences, dont un épilogue gentiment conciliatoire pas forcément réussi, il ne faudra pas oublier les qualités de ce nouveau long-métrage du réalisateur de States of Grace.

Par le biais de flashbacks, Le château de verre revient sur des moments clés de la jeunesse de Jeannette et les moments partagés avec cette famille dysfonctionnelle, entre coups de sang et longues tirades libertaires d’un père, entre l’ombre et la lumière, les larmes et les rires. Évitant le manichéisme, le film ne choisit pas d’édulcorer la violence physique et, surtout, psychologique subie par les enfants de Max et Rose Mary. Les souvenirs de Jeannette, s’ils ont probablement arrondi quelques angles au moment d’être retranscrits sur le papier, conservent malgré tout les cicatrices laissées par ce père (et mari) caractériel – pour ne pas dire odieux – aux méthodes parentales radicales. Le regard porté par Walls ne peut qu’être subjectif et Cretton semble avoir choisi de rester fidèle à l’ouvrage plutôt que d’opérer une prise de recul plus conséquente vis à vis de l’histoire personnelle narrée par la chroniqueuse mondaine, tiraillée entre le respect et la colère ressentie à l’égard de ce parent. Mais en ne cherchant pas à dépeindre un monstre à tout prix, le long-métrage permet d’illustrer les sentiments contradictoires qu’un enfant peut éprouver. Le château de verre excuse-t-il l’inexcusable ? Chaque spectateur se forgera son opinion mais ne laissons aucun doute aux intentions de son auteur : il est question de pardon, au-delà des thématiques de résilience et de solidarité fraternelle.

Plus évocatrices que les segments new-yorkais, les séquences d’enfance traduisent plutôt bien le sentiment d’urgence et de vie nomade de cette famille à la marge. Harrelson brille dans ce rôle à double-facette, sorte de paternel coincé entre Jekyll et Hyde, qui s’efforce par moments de dépasser ses propres traumas d’enfance pour devenir un meilleur « role-model ».  Naomi Watts et Brie Larson semblent plus en retrait, avec des rôles peut-être moins écrits, tandis que la jeunesse Ella Anderson – qui campe Jeannette adolescente – se révèle particulièrement à son aise lorsqu’il s’agit de confronter son père, entre admiration immense et crainte.

Questionnant les méthodes parentales et le système, comme le fit l’an passé Captain fantastic avec Viggo Mortensen, mais aussi Shree Crooks et Charlie Shotwell que l’on retrouve dans ce Château de verre, le film prend finalement un autre chemin, celui du coming-of-age story un peu prévisible dont raffole Hollywood. Si ces élans mélodramatiques flirtent dangereusement avec le sentimentalisme, Le château de verre conserve quelques nuances et, avant tout, son humanité.

La fiche

LE CHATEAU DE VERRE
Réalisé par Destin Daniel Cretton
Avec Brie Larson, Woody Harrelson, Naomi Watts…
Etats-Unis – Drame
Sortie : 27 septembre 2017
Durée : 127
 min




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