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LE BONHOMME DE NEIGE

Raté

Harry Hole, policier alcoolique et à moitié à la rue, enquête sur un tueur en série qui sévit en laissant derrière lui, comme signature, un bonhomme de neige.

Pire Gynt.

Énoncer simplement Millenium et Les Enquêtes du Département V suffisent à donner au thriller scandinave un intérêt au seul murmure de leurs noms. Plutôt bien démarqué au sein des sorties de la fin d’année, Le Bonhomme de Neige a quasiment tout pour lui. D’abord, une adaptation du roman éponyme de Jo Nesbo, valeur sûre du genre dont les ventes autant que les accueils critiques sont excellents. Ensuite, un casting de choix. Michael Fassbender tient le rôle titre de Harry Hole, un inspecteur torturé, quasi-SDF, héritier malgré lui d’une affaire de serial killer au ramifications complexes.

Autour de lui, Rebecca Ferguson en sidekick flic ayant elle aussi quelques affaires personnelles à résoudre, et une pléiade de petits rôles sympas : Charlotte Gainsbourg, David Dencik, Toby Jones, James D’Arcy, J.K. Simmons, et même Val Kilmer, tiens. De l’anglophone entre Oslo et Bergen ? Après tout, Fincher avait plutôt bien réussi à faire passer le tour de force avec son remake de Millenium. La rigueur n’en est donc pas tenue. Derrière la caméra, Tomas Alfredson, dont La Taupe a certes connu des critiques mitigées, mais qui reste vénéré de toutes parts pour son Morse glaçant. Voilà donc réunis sur le papier toutes les gammes d’une requiem pour thriller réussi. En sortie de séance, le seul glas qui résonne est celui d’une torpeur élémentaire : mais comment Le Bonhomme de Neige peut-il être aussi raté ?

Abominable bonhomme de neige

Dès les premières scènes d’exposition, l’angoisse monte. Photographie indigente, jeu d’acteur frisant le ridicule, mise en scène creuse et personnages pas plus remplis : tout ce qui peut être décevant se répond, s’amplifie au passage. Spoiler : jamais la sauce ne prendra, jamais le malaise ne cessera. Le Bonhomme de Neige multiplie tant les tares que lorsque l’esprit y exerce sa réflexion, le plus dur n’est pas de trouver les arguments, mais la structure. Sur tous angles attaquable, le film d’Alfredson échoue à chaque échelle d’étude. Et comme si cela ne suffisait pas, il arrive à surcoucher encore de purs instants anxiogènes.

Alors, on fonce pêle-mêle. L’imbroglio anglais / suédois, loin d’internationaliser l’entrée dans le monde fictionnel du film, s’emmêle les pinceaux et explose toute cohérence en plein vol. Le casting est détruit par un Fassbender qui n’apporte rien à un personnage soustrait de toute empathie – pas vraiment le fort de l’acteur, en ce moment, surtout au creux d’une mauvaise passe qu’il semble confirmer de film en film, quelques exceptions comme Song To Song mises à part. Même constat pour Rebecca Ferguson et Charlotte Gainsbourg, analogie de carrière en moins. Les seconds couteaux (Simmons, Dencik, mention toute spéciale à Toby Jones) sont émoussés par des intrigues parallèles hors sujet, giga-évidentes ou capillo-tractées, au choix. La palme revient sans conteste à Val Kilmer, dont les répliques ont été redoublées en post-production et dont le résultat parodique final rappelle un peu le duo Nicolas & Bruno et leur Message à Caractère Informatif.

La torpeur et l’ennui laissent heureusement place à un final dont la convenance et l’aboutissement éclatant du grand-guignol brûle les yeux comme un feu d’artifice lancé depuis dans un anus de fortune en plein réveillon de Noël. À savoir un machin tellement grossier et débile qu’il finit par nous faire expectorer un rire grassouillet. Il est tentant, pour apporter quelques éléments d’explications de Le Bonhomme de Neige, d’invoquer la carte joker de la production chaotique. Elle est en partie vraie. Face aux retours désastreux des premières projections américaines, Tomas Alfredson s’est retranché derrière cet argument, le forçant à laisser au placard une bonne partie de ses rushs et à conduire sa Lada une main dans le dos, les yeux bandés et une cheville ankylosée. On lui laisse un minime bénéfice du doute, même si le degré zéro de direction d’acteurs semble être difficilement esquivable de la responsabilité personnelle. D’où un paradoxe critique terrifiant : il faut voir Le Bonhomme de Neige pour en croire sa médiocrité de ses yeux. Alors, allez-y. Mais n’y allez surtout pas.

La fiche
BONHOMME DE NEIGE FILM

LE BONHOMME DE NEIGE
Réalisé par Tomas Alfredson
Avec Michael Fassbender, Rebecca Ferguson, Charlotte Gainsbourg…
Etats-Unis, Suède – Thriller
Sortie : 29 novembre 2017
Durée : 
119 min




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