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LAST NIGHT IN SOHO

L’histoire d’une jeune femme passionnée de mode et de design qui parvient mystérieusement à retourner dans les années 60 où elle rencontre son idole, une éblouissante jeune star montante. Mais le Londres des années 60 n’est pas ce qu’il parait, et le temps semble se désagréger entrainant de sombres répercussions.

Critique du film

C’est évidemment Thunderball qui y est projeté lorsque Edgar Wright filme un cinéma du West End des sixties : le dernier long-métrage du réalisateur britannique fait figure d’une nouvelle plongée dans son univers. Il y reconstitue une époque avec affection mais, si l’on y écoute Cilla Black et Dusty Springfield, le cœur du film reste pourtant en 2021. Là encore, filmer Londres de nos jours sans un seul plan sur London Eye suscite forcément l’admiration. 

Le réalisateur de la « Trilogie Cornetto » [Blood and ice cream trilogy en V.O.] renoue avec ses fondamentaux. Sa mise en scène est référencée – on pense, entre autres, à Peeping Tom de Michael Powell – et son film refuse de se définir par un seul genre. Last Night in Soho débute avec la sincérité d’un coming of age movie du XXIème siècle. Eloise, le personnage interprété par Thomasin McKenzie, descend de sa province pour intégrer une école de mode dans la capitale britannique. 

Dans sa résidence étudiante, où la cuisine peut contenir quarante cinq personnes pour une soirée la veille de la rentrée, elle est évidemment affectée dans la chambre du futur tyran du groupe – qui prend de la coke et Eloise en grippe. La jeune femme est d’une naïveté désarmante ; difficile pour elle de trouver sa place au milieu des cool kids. Elle fuit et déniche une chambre dans Fitzrovia – chance inespérée pour une étudiante boursière –  et presque sans efforts, ensuite, un poste de barmaid au Toucan. 

Last night in Soho

Véritable point de départ du film, s’endormir dans la chambre sous les combles chez sa logeuse – Diana Rigg, malheureusement décédée fin 2020 – semble projeter Eloise dans les années 1960. Le scénario court dès lors sur deux temporalités. La première nuit, les portes du Café de Paris s’ouvrent et c’est un choc : sous les traits d’Anya Taylor-Joy, Sandy, le double sixties d’Eloise, mène la danse et veut conquérir le monde. La mise en scène de Wright impressionne. Jeu de reflets et de duplicités, miroirs et impressions esthétiques effrénées. Le rythme des nuits à Soho était bien plus intense dans les années 60 ; on y aperçoit la figure charmeuse et inquiétante de Matt Smith et autant de prédateurs en costumes trois pièces. 

Soho 1960 referme son piège sur Sandy. En termes de narration, la structure du film est classique : Eloise ne peut qu’en être témoin, de l’autre côté du miroir. Elle se met à enquêter sur le présent, de plus en plus  affectée parce que son double vit – ou a vécu. Edgar en profite pour s’offrir une virée wrightienne vers l’horreur. Comme à son habitude, le réalisateur aborde l’épouvante non pas comme genre mais en tant que véhicule, qui lui permet de faire vivre son film, ponctuellement. Et c’est bien cette multiplicité des niveaux de lecture que l’on recherchait dans les films d’Edgar Wright… Ce que Baby Driver, film très littéral, n’avait plus du tout. Wright mène la deuxième partie de son film quelque part entre Romero et Répulsion, vers une résolution théâtrale. Parce que le film est aussi un whodunnit

Bande-annonce

27 octobre 2021De Edgar Wright

avec Thomasin McKenzieAnya Taylor-Joy




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