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LADY BIRD

Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi. 

L’empathie

Le début de l’année 2018 a été une probante période en propositions fortes du cinéma américain. Guillermo Del Toro triomphe aux Oscars avec une histoire d’amour entre une femme muette et une créature aquatique durant la Guerre Froide. Frances McDormand part en guerre avec des panneaux comme armes, le monde entier flâne dans l’Italie des années 80 grâce à Luca Guadagnino (Call me by your name) et la patineuse Tonya Harding revient sous le feu des projecteurs. Des œuvres impressionnantes, des monuments du cinéma d’auteur américain, qui n’ont pas empêché une production plus modeste de trouver un écho auprès du public et de la critique : Lady Bird.

Récompensé à deux reprises aux Golden Globes cette année-là, Lady Bird marque la première réalisation solo de la comédienne Greta Gerwig – dix années séparent la sortie française de Lady Bird et Nights and Weekends, co-réalisation signée avec l’une des figures du mumblecore, Joe Swanberg. Après être apparu chez Noah Baumbach, Mike Mills, Ivan Reitman ou Pablo Larrain, Lady Bird marque le nouvel essai pour cette figure du cinéma indépendant américain en tant que réalisatrice. Et quel essai !

Inspiré par la jeunesse de la réalisatrice, Lady Bird commencerait comme n’importe quel teen-movie indé que l’on a déjà vu. Christine, lycéenne auto-proclamée “outsiderpar le pseudonyme de Lady Bird, a comme ambition de partir étudier l’art à New-York et quitter sa ville natale, Sacramento. Une ambition chamboulée par l’arrivée des premiers amours, d’une relation maternelle conflictuelle et de nombreuses désillusions. Plusieurs noms pourraient nous revenir avec ce postulat : Terry Zwigoff, Diablo Cody et Noah Baumbach. Mais un seul nous reste au final, celui de Greta Gerwig.

Son passage à la réalisation réinjecte un souffle nécessaire à la comédie américaine. Quand ce registre paraît dorénavant comme plus violent, plus hybride avec des genres tels que l’horreur ou le film d’action, il retrouve une bienveillance chaleureuse avec Lady Bird. Hommage à la ville de Sacramento, Gerwig signe un film-monde où plus l’on explore cette part plus modeste des États-Unis, plus l’on rencontre des personnages qui bénéficient d’un amour inconsidérable de la part de la réalisatrice et du public. 

C’est simple : tout le monde a le droit à son heure de gloire dans cette histoire d’apprentissage. L’héroïne éponyme, ses parents, sa meilleure amie, ses petits amis et même ses professeur.e.s. Elle le confirmera avec son adaptation, deux années plus tard, des Filles du Docteur March mais l’empathie est définitivement ce qui compose l’essence du cinéma de Gerwig. La comédienne-réalisatrice déploie son arsenal de bons sentiments, de comédies et de références nostalgiques (Alanis Morissette, Justin Timberlake…) pour explorer une part plus modeste de l’Amérique en revisitant Sacramento. Le casting donne vie aux personnages qu’iels incarnent, par l’humanité qu’il ressort de chacun d’entre elles/eux. Saiorse Ronan y trouve l’un de ses meilleurs rôles mais une pensée aussi pour Laurie Metcalfe, Tracy Letts, Beanie Feldstein, Timothée Chalamet et Lucas Hedges s’impose.

Délicat, Lady Bird redonne à la comédie américaine une empathie qu’elle avait besoin de retrouver. Greta Gerwig signe un récit attachant et drôle sur ce que ça signifie de grandir en tant qu’individu.



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