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LA VRAIE FAMILLE

Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon, un enfant placé chez eux par l’Assistance Sociale depuis l’âge de 18 mois, qui a désormais 6 ans. Un jour, le père biologique de Simon exprime le désir de récupérer la garde de son fils. C’est un déchirement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman ».

Critique du film

Où se situe l’intérêt de l’enfant ? Qui est apte à le savoir, entre le petit garçon très attaché à ceux qui l’ont vu grandir jusqu’alors, ses parents de circonstance, son père biologique et la juge des affaires familiales ? Quant la réalité d’un acte de naissance domine les lois du coeur, La vraie famille expose le déchirement inéluctable des êtres dans l’optique d’un avenir qui semble s’imposer.

Pour son second long-métrage après Diane a les épaules, Fabien Gorgeart a sondé son histoire personnelle. Plus jeune, sa famille et lui accueillent un enfant de ses six mois à ses six ans. Il devient un membre à part entière de la cellule familiale avant que la réalité ne les rattrape. En puisant dans quelques références notoires, de The Kid de Chaplin, Kramer contre Kramer et même E.T. de Spielberg, il a imaginé une fiction autour des familles d’accueil où le jeune Simon est élevé comme un membre de la famille par ses deux parents, Driss et Anna. Cette dernière offre une dévotion sans limites à ceux dont elle a la charge, qu’elles partagent ou non des liens de sang avec eux. Lorsque le père biologique de Simon, enfin apte à l’élever maintenant qu’il a fait le deuil de sa compagne disparue, souhaite revenir dans la vie de son fils et progressivement en obtenir la garde, l’équation émotionnelle devient éprouvante pour les différents protagonistes, unis par des liens forts.

Placé

Illustrant avec humanité combien la distorsion entre l’attachement et la vérité du lien filial est complexe à résoudre, La vraie famille présente des moments de vie attachants qui montrent comment l’amour s’affranchit des gênes. Cette famille d’accueil offre à l’enfant tout ce dont il a besoin pour grandir et s’épanouir : un cadre, de la stabilité, de l’affection. Entre séquences légères qui montrent ce noyau familial comme une entité à part entière, réconfortante, et des scènes plus difficiles où Anna comme Simon doivent s’accommoder de la réalité qui sera bientôt la leur, le mélodrame de Gorgeart peut compter sur la présence lumineuse de Mélanie Thierry. Déjà remarquable dans son segment d’En thérapie, et légitimement récompensée du Valois de l’actrice au Festival du film francophone d’Angoulême, l’actrice porte admirablement le film de sa prestation sensible et intense dans la peau de cette mère par interim désormais débordée par son attachement, tandis que Gabriel Pavie trahit avec justesse les conflits de loyauté qui l’animent.

S’il force peut-être un peu trop l’émotion au moment de son climax, La vraie famille reste une honorable réussite dans son évocation humaniste de la complexité l’amour maternel pour les enfants placés comme ceux qui les prennent sous leur aile.

Bande-annonce

16 février 2022De Fabien Gorgeart, avec Mélanie ThierryLyes SalemFélix Moati




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