LA VIE SCOLAIRE
La fiche
Réalisé par Grand Corps Malade, Mehdi Idir – Avec Zita Hanrot, Liam Pierron, Soufiane Guerrab – Comédie dramatique – France – 28 août 2019 – 1h45
Une année au coeur de l’école de la république, de la vie… et de la démerde ! Samia, jeune CPE novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesant sur le quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur…
La critique du film
Après leurs débuts prometteurs sur leur première réalisation, Patients, inspirée du parcours de vie de l’artiste slameur, Grand Corps Malade et son compère Mehdi Idir passent la seconde avec La vie scolaire, film plus influencé par le vécu de Idir. Leur idée : traiter de l’école sans idée préconçue. En se plaçant du point de vue d’un collège de Saint-Denis, ils livrent un portrait d’une jeunesse qui se cherche, se construit, entre premiers flirts et quête d’identité, questionnements sur l’avenir. Partant de leurs propres souvenirs, mis à jour par plusieurs immersions dans des établissements scolaires, ils racontent le quotidien de plusieurs personnages de l’antre scolaire, tant du côté des adultes (enseignants, CPE) que de celui des adolescents.
Dans La vie scolaire, le spectateur découvre l’univers de ce collègue francilien par le prisme de la jeune CPE fraîchement mutée, incarnée avec talent par Zita Hanrot (Plan cœur, Fatima). Faisant la part belle aux personnages, et donc aux comédiens, cette comédie sociale réussit à trouver le ton juste entre humour, tendresse et réalisme. Le tandem ne juge pas ses protagonistes, il ne les excuse pas plus qu’il ne verse dans l’angélisme, et livre un instantané assez pertinent de la vie dans un collège de banlieue. Entre la détermination de la CPE à en « sauver » quelques-uns, la pédagogie et l’autorité naturelle d’un prof de maths à la répartie affûtée, les cours de sport fantasques du prof d’EPS au langage chatoyant, les petites magouilles d’un AES un peu glandeur, et les mensonges rocambolesques d’un mythomane notoire, les questionnements d’un élève attachant mais turbulent, les chapardages d’un autre à la cantine, la nouvelle comédie de Grand Corps Malade et Mehdi Idir offre une belle galerie de visages de la banlieue de 2019, ne reniant ni son humanité et sa gouaille, ni la gravité.
Enfin, sans pointer du doigt qui que ce soit, La vie scolaire a le mérite d’interroger : pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi le système échoue-t-il encore trop souvent, en laissant plus d’un sur le bord de la route ? Que faire de ces élèves qui ne mettent pas de sens à leur scolarisation ? Le contexte est-il plus fort que l’école de la République ?
