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LA VIE EST BELLE

 Le décès de son père oblige un homme à reprendre l’entreprise familiale de prêts à la construction, qui permet aux plus déshérités de se loger. Il entre en conflit avec l’homme le plus riche de la ville, qui tente de ruiner ses efforts. Au moment où il approche de la victoire, il égare les 8 000 dollars qu’il devait déposer en banque. Le soir de Noël, désespéré, il songe au suicide. C’est alors que le Ciel dépêche à ses côtés un ange de seconde classe, qui pour gagner ses ailes devra l’aider à sortir de cette mauvaise passe… 

L’ange est beau, la vie l’est davantage.

La première réaction, lorsque le rideau tombe et laisse apparaître les lettres « The End », est l’incrédulité. Ce sentiment et ce petit moment de flottement propre aux chefs-d’œuvre qui emplissent le cœur d’un trop-plein d’amour cinématographique. Les yeux écarquillés cherchent leurs repères alors même que le sourire figé sur le visage ne se dissipera pas de sitôt. Puis on se questionne : comment y est-il arrivé ? Comment Frank Capra a pu atteindre cette symbiose entre le drame familial, l’errance fantastique et la romance salutaire ?

À cette dernière question, nulle réponse franche mais une certitude : La vie est belle est un beau, un très beau film, qui distille la vie sous son meilleur jour. Il est si rare, par le prisme de l’écran, de faire pleurer de joie un spectateur. Pourtant, la fin du film de Capra y parviendra sûrement tant dans celle-ci réside un ouragan émotionnel qui emporte tout sur son passage, avec la ferveur et l’innocence des premiers amours.

Portrait subtil d’une communauté soudée, La vie est belle dépeint sans lourdeur l’entrelacement des vies. Sans qu’ils ne s’en rendent compte, l’action des uns définit la vie des autres. Même quand l’injustice les accule, quand chacun de leurs rêves s’effondrent sous le poids des obligations, des responsabilités, il reste de l’espoir. Celui de voir s’ouvrir une infinité d’autres portes, de possibilités. Vouloir la fin c’est oublier ces dernières, c’est oublier l’empreinte laissée sur le monde. Peut-être pas celle que l’on aurait rêvée, peut-être pas le parcours qui jadis berçait nos nuits, et pourtant c’est bien cet enchaînement de choix qui détermine ce que l’on devient et ce que deviennent les proches. Ne jamais renoncer, prendre conscience que la vie est précieuse, que derrière toutes ses aspérités, il y a du Beau. Il y a ces gens que l’on oublie, il y a cette femme qui attend, il y a ces enfants qui comblent les attentes les plus folles et qui nous inondent de leur douce candeur. Il y a ces amis qui se cachent derrière la porte et nous invitent au plus beau des voyages. Il y a cet ange, miroir de ce qui aurait pu être, promesse de ce qui est.

Frank Capra prend à bras le corps le pessimisme qui, à un moment ou un autre, parcourt une vie. Il le prend, le tord, le broie et le met face à l’évidence : s’il est là, c’est qu’il existe son penchant inverse, sa Némésis : l’optimisme. Avec force et fracas, James Stewart et Donna Reed incarnent cette leçon d’humanisme.

Point d’analyse ou de tortueuse théorie dans ces quelques lignes. Ce ne serait pas rendre hommage à la simplicité salvatrice de La vie est belle. Car le magicien Capra invite à l’humilité et rappelle que « la viec’est le truc qui se passe quand t’es occupé à faire autre chose. » (John Lennon)




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