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LA PREMIÈRE MARCHE

LA BOBINETTE FLINGUEUSE EST UN CYCLE CINÉMATOGRAPHIQUE AYANT POUR RÉFLEXION LE FÉMINISME, SOUS FORME THÉMATIQUE, PAR LE PRISME DU 7E ART. À TRAVERS DES ŒUVRES RÉALISÉES PAR DES FEMMES OU PORTANT À L’ÉCRAN DES PERSONNAGES FÉMININS, LA BOBINETTE FLINGUEUSE ENTEND FLINGUER LA LOI DE MOFF ET SES CLICHÉS, EXPLOSER LE PLAFOND DE VERRE DU GRAND ÉCRAN ET EXPLORER LES DIFFÉRENTES NOTIONS DE LA FÉMINITÉ. À CE TITRE, ET NE SE REFUSANT RIEN, LA BOBINETTE FLINGUEUSE ABORDERA À L’OCCASION LA NOTION DE GENRE AFIN DE METTRE EN PARALLÈLE LE TRAITEMENT DE LA FÉMINITÉ ET DE LA MASCULINITÉ À L’ÉCRAN. UNE INVITATION QUEER QUI PROLONGE LES ASPIRATIONS D’EMPOWERMENT DE LA BOBINETTE FLINGUEUSE.

Banlieusard.e.s et fier.e.s

Le 28 juin 1970, un an après les émeutes de Stonewall à New York qui s’inscrivent comme l’événement fondateur dans la lutte des droits de la communauté LGBTQI+, est organisée la première Gay Pride aux Etats-Unis. Près de 50 ans plus tard, c’est au tour de Saint-Denis d’accueillir pour la première fois sa propre marche des fiertés. Les deux réalisateurs Hakim Atoui et Baptise Etchegaray retracent ce moment historique dans leur premier documentaire La Première Marche

Dans ce documentaire auto-produit, un seul mot d’ordre : l’intersectionnalité. La caméra suit au plus près l’association Saint-Denis ville au Coeur et ses quatre militant.e.s pour l’organisation de la première Pride dans la banlieue de Saint-Denis. Souffrant des clichés les plus persistants, souvent associée à la violence, à la “racaille” et à un Islam intolérant, Saint-Denis incarne tous les fantasmes d’un argumentaire d’extrême droite, appuyés par les multiples déclarations et attaques du Rassemblement National. A travers le déploiement d’une Marche des Fiertés en banlieue, l’association vise à déconstruire cette image tout en redonnant une voix à la communauté LGBTQI+ trop invisible. 

L’abolition d’un ancien monde

Ainsi, l’intersectionnalité revendiquée par l’association s’incarne dans un militantisme qui dépasse la “seule” oppression de l’homophobie pour résonner avec les questions de racisme et de classe sociale, particulièrement présentes dans le regard posé sur Saint-Denis. L’image d’une communauté LGBTQI+ blanche et ancrée dans Le Marais parisien se trouve mise à mal et laisse entrevoir (enfin) une pluralité d’hommes et femmes queer racisé.e.s trop souvent passée sous silence. En donnant la parole aux concerné.e.s, dont l’expérience empirique prévaut sur l’imaginaire théorique, La Première Marche offre une vision nouvelle de la banlieue et de la communauté LGBTQI+, tout en démentant les stéréotypes tenaces. 

Pour rappel, les agressions à caractère homophobes ou transphobes sont en hausse de près de 36% en 2019, par rapport à 2018, et ce, dans toute la France. L’homophobie et la transphobie ne sont ainsi pas exclusif à la banlieue. La Première Marche entend bien dénoncer lhomonationalisme, qui se réapproprie les luttes LGBTQI+ tout en étalant un discours islamophobe, dont Florent Philippot en est l’exemple le plus probant. Le documentaire laisse apparaître en filigrane une méconnaissance de la communauté LGBTQI+, engendrée par une absence d’éducation plutôt qu’une hostilité, qui elle se matérialise davantage à travers les menaces de mort à l’encontre de l’association par des communautés d’extrême droite, ou plus simplement par l’image négative véhiculée par les médias traditionnels. L’organisation d’une telle marche à Saint-Denis a autant pour but de donner de la visibilité à la communauté que de sensibiliser à la sexualité et aux questions de genre. Car l’on peut être musulman.e et queer, banlieusards et fièr.e.s.

L’urgence du dispositif, caméra à l’épaule, coïncide avec l’urgence de l’organisation, parfois compliquée et bordélique de la marche. Le film suit au plus près Youssef, Yanis, Annabelle et Luca, et dessine au travers de l’organisation les contours d’une jeunesse queer. Une jeunesse engagée, pédagogue (le langage et le vocabulaire militant sont au cœur du film) et pétillante qui entend bien renverser l’ancien monde. En évoquant avec humour et sincérité leur rapport décomplexé à la sexualité, déconstruite par le prisme du politique et de l’anti-colonialisme, La Première Marche s’inscrit dans la continuité du projet, et contribue à son tour à sensibiliser sur les luttes LGBTQI+. 

Plus que de documenter, La Première Marche est porteur d’un optimisme inspirant. Si le processus était long, parfois décourageant, comme en témoigne les assemblées générales vides, la foule présente lors de la marche ravive une lueur d’espoir. Alors même que l’ancien monde, incarné par des figures patriarcales blanches qui frémissent à l’idée de voir leurs privilèges amoindris, le documentaire expose une jeunesse inclusive bien déterminée à prendre la relève, et qui partie de rien, est capable d’entrer dans l’Histoire.

Pour aller plus loin :

Synopsis :

Le 9 juin 2019, quatre étudiants mènent à Saint-Denis la première Marche des fiertés en banlieue. 50 ans après Stonewall, Youssef, Yanis, Annabelle et Luca imposent le combat LGBT là où personne n’avait voulu l’imaginer. Une immersion trépidante parmi les organisateur.rice.s de la pride, banlieusard.e.s et fier.e.s. Les enjeux d’intersectionnalité et d’inclusivité des luttes sont clairement posés. Les jeunes militant.e.s débordent d’une énergie communicative dans un documentaire plein de conviction et d’engagement, qui inspire une volonté d’unité face aux oppressions.




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