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LA MULE

La fiche

Réalisé par Clint Eastwood  – Avec  Clint Eastwood, Bradley Cooper, Laurence Fishburne…
Etats-Unis – Drame, romance – Sortie : 23 janvier 2019 – Durée : 116 min

Synopsis : À plus de 80 ans, Earl Stone est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot qui – en apparence – ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain. Extrêmement performant, il transporte des cargaisons de plus en plus importantes. Ce qui pousse les chefs du cartel, toujours méfiants, à lui imposer un « supérieur » chargé de le surveiller. Mais ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à lui : l’agent de la DEA Colin Bates est plus qu’intrigué par cette nouvelle « mule ».

La critique du film

Après la douche froide que fut l’ignoble 15h17 pour Paris, il y avait tout à craindre du retour derrière de la caméra de Clint Eastwood. D’autant plus que cette fois, et dix ans pile après Gran Torino, Clint se retrouve également devant la caméra avec La mule

Outre la performance que cela représente vu son âge avancé, on pouvait aussi se demander s’il avait encore l’énergie pour s’en tirer avec les honneurs. Déjà, l’évidence saute aux yeux : Clint a vieilli. On ne l’a jamais vu aussi amaigri et tassé, et il faut quelques minutes aux spectateurs (en tout cas à l’auteur de ces lignes) pour se dire que oui, ça y est, plus aucun doute possible : Clint est humain et ses 88 printemps commencent enfin à se voir à l’écran.

Ce bon vieux Clint

Une fois passée cette fugace sensation nostalgique, seconde évidence : Clint est BON. Tout à tour charmeur, malicieux, touchant, fragile, la légende vivante qu’il est réussit sans doute là l’une des meilleures performances de sa carrière en tant que comédien. En revanche, pour ce qui est de ses performances en tant que cinéaste, on est loin d’Un Monde ParfaitRien de déshonorant là-dedans, l’affront du Thalys semblant déjà loin, mais force est de reconnaître que Clint est ici en mode pépère.

La mule avec Clint Eastwood

La mule est un film étonnant, avançant au rythme de son personnage principal, c’est à dire tranquillement, ponctué d’une demi-douzaine d’instants relax où l’on voit ce bon vieil Earl conduire tranquillement son pickup en chantonnant des airs de country. Étonnant parce que malgré cela, on a le sentiment que tout est presque trop rapide, les séquences s’enchaînant de manière mécanique (voire didactique), enchaînement peu aidé par des dialogues sonnant étrangement faux à l’oreille. Les vingt premières minutes sont à ce titre particulièrement notables, tant le déroulé du récit semble se faire trop vite, à base d’énormes ellipses et de bonds dans le temps noyés dans des fondus enchaînés pas subtils du tout.

Le chat Bradley et la souris Clint

Malgré les espoirs d’un jeu du chat et de la souris entre les officiers de la DEA (mené par un Bradley Cooper qui a droit aux meilleures scènes du film face à son mentor) et la mule du titre, on retrouve peu voire pas de tension ici. S’il y a bien une course contre-la-montre, celle-ci se déroule vraiment sur un rythme de sénateur.

Ce qui intéresse Eastwood, on le sait, c’est le sens du sacrifice, la place de la famille et le temps qu’il nous est imparti pour en profiter. La mule ne parle finalement que de ça, pas toujours de la manière la plus fine qui soit, mais plus d’une fois ce bon vieux Clint (ou Earl, on ne sait plus trop bien) parvient à faire perler une petite goutte au coin de nos yeux.

Imprimer la légende

Il est presque impossible de ne pas y voir un autoportrait et un testament de Clint Eastwood, désireux de se rapprocher de sa famille maintenant qu’il sent la fin approcher. À ce titre, le fait que sa fille dans le film soit interprétée par sa véritable fille n’a rien d’anodin. Mais Clint joue aussi de manière plus légère avec l’image qu’il s’est lui-même forgé au fil des décennies. Parce que ce ne sont pas ses 88 ans qui l’empêcheront de se mettre à nouveau torse nu ou d’attirer à peu près toutes les femmes qu’il croise, et ce peu importe leur âge.

La Mule n’est pas forcément un film facile à critiquer. Intrinsèquement, ce n’est bien sûr pas un grand film – mais le plaisir qu’il y a à retrouver le grand Clint sans doute pour la dernière fois face à une caméra, rend l’expérience toute particulière et nous pousse à une mansuétude que l’on ne réserve d’habitude qu’aux légendes vivantes. Et quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende.



La bande-annonce




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