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LA LLORONA

La Llorrona : seuls les coupables l’entendent pleurer. Selon la légende, la Llorona est une pleureuse, un fantôme qui cherche ses enfants. Aujourd’hui, elle pleure ceux qui sont morts durant le génocide des indiens mayas. Le général, responsable du massacre mais acquitté, est hanté par une Llorona. Serait-ce Alma, la nouvelle domestique ? Est-elle venue punir celui que la justice n’a pas condamné ?

Critique du film

Pour symboliser le pardon et le deuil, malédictions qui ont marqué au fer rouge une société traumatisée par la violence de son Histoire, le réalisateur Jaryo Bustamante (Ixcanul, Tremblements…) impose une vision franche et tranchée d’un cinéma politique. Il l’a calqué sur une famille de haute posture sociale, « hantée » par les fantômes du passé. Prenant des airs de film historique voulant couper définitivement les ponts avec le négationnisme et prenant l’acceptation du passé, La Llorona vire aussi peu à peu au cauchemar fantasque. Le patriarche de la famille dont est sujet le film, ex général acquitté de ses crimes commis au Guatemala, est poursuivi par « la pleureuse », une sorte de Médée qui malgré la légende (à l’origine, c’est une femme abandonnée par un homme, qui plonge dans la folie et tue ses enfants en les noyant dans une rivière), se modernise subtilement. 

En enfermant ses personnages dans un fascinant huit-clos, Jaryo Bustamante laisse planer le mystère sur l’existence de la Llorona : est-elle incarnée dans la nouvelle domestique, Alma ? Est-elle venue se venger des crimes ignobles commis par le général ? En privilégiant les longs plans et lents travellings, le cinéaste construit son film comme un thriller aux allures franchement horrifiques, où le décor se ressert peu à peu. Et puis, bien sûr, il y a cette capacité à monter une histoire sur un temps limité (1h30, pas plus, pas moins).

Sans passer par la facilité du jump-scare, Bustamante filme cette descente aux Enfers d’une famille poursuivie par l’horreur du passé. Pour être exorcisé de ses crimes, il faut en payer les (lourdes) conséquences… Un message sombre mais essentiel, qui cloue le clapet à cette caste « qui pense que parler du passé est une perte de temps, et qu’il faut aller de l’avant. Au Guatemala, la population a peur de Dieu, et des militaires (…) on préfère penser que les militaires ont sauvé le pays. Des années de procès ont été jetées à la poubelle en une semaine par les pouvoirs de quelques grandes familles et de l’armée, qui sont remontés jusqu’à la cour suprême, laquelle a finalement décidé de dire : non, il n’y a pas eu de génocide ni de génocidaires. », déclare le cinéaste à propos du film. La justice est ici bien rendue. 

Bande-annonce

22 janvier 2020 – De Jayro Bustamante, avec María Mercedes CoroySabrina de La Hoz




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